L'église-mairie de Valbonne :

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une lessiveuse bien encombrante.


  • avec seulement 400 m2 pour faire cohabiter le spirituel et le profane, l'architecte a superposé avec audace et talent, la mairie et l'église en deux entités indépendantes : un cylindre posé dans une boîte, éclairés par une verrière rectangulaire dans la salle des mariages et une rosace translucide dans l'église. Cylindre l'horizontal qui rompt totalement avec la verticalité conventionnelle et qui lui donnera son surnom : la lessiveuse.

L'architecte de cette réalisation hors normes, de cette association quasiment contre nature entre une institution, la mairie, et une église, en l'occurrence chrétienne, a fini par alerter les médias nationaux qui lui ont ouvert toutes grandes leurs colonnes.

Pierre Fauroux, le fougeux architecte cannois, a découvert par hasard qu'en lieu et place de l'église, la municipalité projetait d'y installer une école d'art, avec un certain nombre de modifications à la clef. Et cela le révolte. Il revendique, à juste raison, un droit à la propriété intellectuelle et s'irrite, c'est le moins qu'on puisse dire, de n'avoir pas été contacté.

Or, Pierre Fauroux n'est pas n'importe qui. Son parcours professionnel le place parmi ceux qui laisseront une trace indélébile dans le paysage. Preuve en est, son "église-mairie" est inscrite au Patrimoine architectural du XXème siècle. Couronnée par un prix d'architecture, ses plans ont été exposés à la Biennale de Venise et au Centre Pompidou. Le guide Gallimard de la région Paca y fait référence au mettre titre que la Fondation Maeght. Tous ces signes sont apparemment insuffisants pour protéger d'œuvre d'art d'un détournement de fonction.

La mairie de Valbonne se défend. Ce n'est pas de sa faute si les curés ont délaissé l'autel. Le bâtiment est jugé trop moderne par les prêtres traditionalistes, oubliant qu'un jour, les cathédrales romanes et gothiques dont nous nous enorgueillissons, furent elles aussi "modernes".
La mairie constate cet abandon et veut récupérer l'espace. De son côté, la Direction régionale des affaires culturelles se désole qu'on puisse considérer ce bâtiment "uniquement comme une réserve de m², en négligeant sa valeur symbolique et sa cohérence architecturale". Aux dernières nouvelles, la mairie de Valbonne semble prête à dialoguer avec le concepteur de l'audacieuse et quelque part dérangeante église-mairie.

On l'aura bien compris, si l'AFP, l'Express, le Figaro, Le Monde,…se sont intéressés au problème c'est que celui-ci dépasse le banal conflit entre un architecte excentrique et une mairie qui cherche à récupérer de l'espace. Il ne s'agit pas d'une simple querelle de clocher, nous parlons d'art contemporain, de sa difficulté à trouver sa place, à se faire respecter.

Meilleurs vœux, longue vie à la lessiveuse et la santé surtout !