La fin des privilèges :
deux pas en avant, deux pas en arrière.
Sur le dossier des retraites, les coupables ne manquent pas. Ce sont ceux qui, de gouvernement en gouvernement, ont laissé la situation se détériorer. Ils savaient tous et depuis longtemps que le système à la française allait s'effondrer si l'on n'y portait pas remède. Mais, si nos chers technocrates en avaient fait le diagnostic - ne sont-ils pas là pour ça ? - avaient-ils envisagé des solutions ? S'ils l'ont fait, les politiques ne les ont pas suivis et, lorsqu'ils ont plus ou moins timidement tenté quelques réformes, c'est le public cette fois qui les a désavoués.
Alors, découragés, peu désireux non plus de risquer la perte d'un pouvoir durement acquis, ils ont remis à plus tard la prise de décision, comme ils l'ont fait pour les déchets, le nucléaire, les transports ou la Sécu. Espérant secrètement une solution miracle et, en dernier ressort, pouvoir refiler à d'autres le bébé.
Arrive le moment où l'on ne peut plus reculer. Les Français, comme les syndicats, ont oublié qu'ils avaient entériné le choix de l'Europe, une entité où lentement mais sûrement les inégalités institutionnelles et structurelles vont se gommer. Dans des pays comme l'Allemagne ou l'Italie, on prend sa retraite à 65 ans. Pas de gaieté de cœur mais parce qu'il faut tenir compte de la baisse de la natalité et de l'augmentation de l'espérance de vie.
Les règles sont faites pour changer, il est dangereusement illusoire de croire et de faire croire que le monde est stable. Ce qui est vrai aujourd'hui ne le sera pas demain.
Si le 4 août 1789 les Français sont descendus dans la rue pour abolir les privilèges, depuis, avec une grande régularité, ils effectuent ce pèlerinage, mais chaque fois, c'est pour revendiquer le droit à les conserver.
- mention : www.pariscotedazur.fr - février 2006 - A.D. -