Marie-Antoinette : "fashion victim" de la royauté ?
Francis Ford Coppola peut être fier de sa fille Sofia, elle a bien appris sa leçon de cinéma.
Papa Francis n'est malgré tout pas loin, il l'accompagne au Festival de Cannes comme d'autre à une surprise-partie…Il est coproducteur du film, soit dit en passant. Son film n'a pas convaincu tous les critiques, quelques-uns uns ont sifflé dans la salle. Dur, dur de s'appeler Coppola. Pour une inconnue, ils auraient peut-être applaudi.
Ce n'est pas l'histoire avec un grand H dont il est question ici. C'est l'histoire intime d'une ado, bientôt reine avant de devenir femme. Elle s'en moquerait presque d'être reine. Elle veut juste vivre sa vie, aimer et être aimer. D'où le danger d'un quiproquo. La Cour et l'histoire de Louis XVI ne sont là qu'un prétexte pour parler de soi, de l'inquiétude d'exister, des choix qu'il faut faire jour après jour. Tourner le film dans les décors de Versailles, n'est qu'un caprice de gosse de riche, pas plus ni moins : une opportunité.
On aurait aimé plus de simplicité, d'autant que la bande son, anachronique à souhait, laissait espérer plus de fantaisie et d'audace. Mais, ne boudons pas le plaisir d'un cinéma de qualité, bien filmé, bien propre sur soi. Dans la réalité de la Cour, la propreté et l'hygiène n'étaient pas une priorité ; derrière les tentures on faisait encore ses besoins… difficile à montrer au cinéma. Ici, tout le monde il est beau et les perruques ne cachent pas les calvities précoces, les "mouches" sur le visage et les fards, les boutons purulents…
Pas question donc de réviser l'histoire de France, de faire un procès ou une apologie de la royauté ou de la Révolution. Sofia ne s'intéresse qu'à la femme en devenir. Se base-t-elle sur sa propre expérience ? Elle-même "enfant roi", fille d'un prodige du grand écran, palmé d'or et millionnaire de surcroît, aurait-elle souffert de ce statut ? Nous ne sommes pas dans la confidence des rois. Sofia donne l'impression d'être très intériorisée, réservée, timide, … a-t-elle du mal à couper le cordon, à tuer le père ?
Toutes ses fanfreluches, ces pâtisseries dégoulinantes et roses, ces perruques poudrées, ces chaussures plus pointues les unes que les autres, ces chiens de pacotille qui pissent sur les tapis, ces masques, ce désœuvrement apparent,… tout cela fait penser à un autre monde, voisin, celui de Paris Hilton. Comme toutes les petites filles riches et gâtées, elle s'ennuie le dimanche, à la messe, obligatoire. Et, c'est tous les jours dimanche, n'est-ce pas…alors… Reste pour se distraire d'aller faire des emplettes chez Cartier, Chopard, Dior, Loreal, et de s'habiller chez Armani, Lacroix, Raph Lauren et autres Gaultier de toutes les époques. Pauvres petites filles riches !
Et Dieu dans tout ça ? Et le peuple, l'avez-vous vu ? Il n'était pas dans la salle. Mirabeau disait : le silence des peuples est la leçon des rois.
On connaît la triste fin de Marie-Antoinette. Le roi est mort vive le roi ! Antoinette est morte, vive Sofia,… Sofia Coppola !
- mention : www.pariscotedazur.fr - mai 2006 -