Cannes-Festival : l'éditorial du mai 1959.
Dans ce papier signé Fernand Dartigues, le fondateur du magazine Cannes-Festival, explique avec quelques précautions d'usage, les raisons qui l'ont conduit à créer, en mai 1959, ce titre.
"Faut-il vous expliquer pourquoi nous vous offrons ce numéro, alors que deux bulletins vous sont déjà distribués chaque jour, depuis plusieurs années, dès la première heure ? Loin de nous l'idée de rivaliser avec ces deux journaux corporatifs et leurs brillantes chroniques.
Le rôle que nous nous sommes fixés est bien plus simple. Il nous est apparu qu'à la fin de ce XII ème Festival International du Film de Cannes, personne ne pourrait prendre ombrage d'un supplément de lecture destinée à célébrer une manifestation de grande classe dont nous souhaitons, non seulement la réussite, mais la perfection ( ou plutôt le perfectionnement). Cannes-Festival, ce titre nous définit mieux qu'une longue discussion.
Veuillez y trouver, le salut des gens de notre ville, une ville qui ne cesse d'améliorer l'équipement qu'elle souhaite pour ses visiteurs. L'an dernier, tous les commerçants cannois avaient placé dans leurs vitrines les souhaits de bienvenue rédigés dans toutes les langues. Nous aimerions pouvoir traduire ainsi chacun de nos propos pour vous atteindre tous. Mais le temps n'est pas encore venu d'une langue universelle, sinon précisément celle du Cinéma qui nous permet pendant ces jours de recevoir le message des Polonais, Mexicains, Indous, Canadiens, Danois, Japonais, Norvégiens, Tchèques, Yougoslaves, etc.
Les grands Festivals, qu'ils soient de Venise, Cannes, de Karlovy-Vari, de Berlin… sont autant de coups portés à la Tour de Babel qui finira par tomber en ruine.
Que l'on en fasse à Moscou, en Tunisie, en Amérique, malgré les inconvénients que peut entraîner la surabondance, nous ne pouvons qu'y gagner. Au moins sur le plan de la compréhension : en est-il d plus important ?
Cannes nous a offert son Palais et ses palaces, ses jardins, ses promenades, ses plages, ses îles, son port, etc., en échange de vos œuvres et de vos élites… Elle espère que vous reviendrez, et bien d'autres avec vous, car un Festival de la Jeunesse et de la Paix, c'est bien : un Festival de la Confiance et de la Joie serait mieux encore !"
Cannes-Festival a eu le temps de changer de dénomination pour devenir un Paris-Côte d'Azur international, plus ambitieux. Quarante-huit ans après, le magazine est passé sur Internet où il poursuit son petit bonhomme de chemin. A sa façon, il répond au désir de son fondateur, celui de s'adresser au plus grand nombre. Grâce au réseau, textes et images se propagent quasi instantanément, informations et commentaires circulent dans le monde entier et les logiciels de traduction permettent de les décoder. La Tour de Babel penche de plus en plus !