Voici la poésie offerte à tout venant
Telle une frêle fleur, tel un libre venin
Nos raisons de révolte et nos rêves plaisants
Comme des objets dans de grands magasins.

Et puis des souvenirs de prophètes et d'enfants
Des regards orientés vers l'horizon sans fin
Les mots cachent toujours des secrets dans leurs sens
Nous avons trop souvent oubliés leurs desseins.

Mais le poète est là qui ressemble au savant
Il n'est jamais content de ce que nous savons
Le monde le croit fou parce qu'il est devin
Pourtant c'est son devoir de marcher en avant
De parler pour ceux qui souffrent du désir
Sans laisser les passants périr dans ce désert.

Que ferez-vous sans lui, dites-moi, citoyens
Lorsque vous aurez tous sur la bouche un bâillon ?

Voici la poésie et son ardente soif
De confondre chrétiens, mahométans et juifs
Voici le vrai langage offert aux vrais amants
Pour qui notre univers n'est pas un vain décors
Qui n'ont pas séparé leur tête et leur cœur…

Ne sommes-nous ici que pour passer le temps
Ne sommes-nous vraiment qu'éphémères pantins ?

Voici la liberté qui ne verse aucun sang
L'espoir, l'amour, la mort et la vie en chansons
Le pardon des jaloux, le mépris des puissants…

Voici la poésie offerte à ces amis
Que nous avons partout et que nous ne voyons point…

Fernand Dartigues { 1912 – 2000 ]

- mention : www.pariscotedazur.fr -