Les casinos en Tunisie :
un secteur d’activité riche en promesses... non tenues.
Ouvert en 1997 par le Groupe Lucien Barrière le premier casino de Tunisie laissait présager un avenir florissant. Sans grande expérience en ce domaine, les autorités manipulaient ce secteur d’activité avec précaution et aussi avec appréhension. L’optimisme était néanmoins de rigueur et c’était le discours tenu aux investisseurs potentiels. Les perspectives de développement semblaient importantes grâce à une réglementation copiée sur celle en vigueur en France et qui promettait d’être évolutive.
Qu’en est-il aujourd’hui après dix ans d’activité ? Pour diverses raisons, le groupe Lucien Barrière a préféré retraverser la Méditerranée en cédant à perte le Grand Casino d’Hammamet. En l’occurrence, à un groupe italien qui promettait d’ouvrir un casino par an. Groupe qui a bénéficié longtemps de la bienveillance de l’administration tunisienne et qui affiche aujourd’hui un bilan désastreux.
L’Office national du tourisme tunisien, l’ONTT, a fini par diligenter une enquête sérieuse. Ses conclusions furent suffisamment alarmantes pour décider le ministre de l’Intérieur à fermer en urgence les établissements de Fabiana Camatari, la PDG de Astro Tourism SA.
Les enquêteurs avaient d’abord été troublés par les nombreux « va et vient » entre Rome et la Tunisie et suspectaient un trafic de devises. La comptabilité, elle, attribuait des factures salées, libellées à l’ordre d’obscures sociétés panaméennes… ponctionnant ainsi la trésorerie des casinos.
Les deux frères Khechine propriétaires des hôtels où étaient implantés les casinos furent les premiers à donner l’alerte quand ils s’aperçurent que les loyers n’étaient plus payés. Suivirent le fisc et la CNSS ( l’équivalent de notre Sécurité Sociale) pendant que les cent vingt employés tunisiens se retrouvaient sans travail. Seuls deux casinos restent ouverts en Tunisie : celui du Groupe Partouche à Djerba et celui de la Médina d’Hammamet repris récemment par Raymond Mattar mais qui est dans une situation difficile, suite à un redressement judiciaire.
Quelles sont les perspectives pour les années à venir ? Conscient que la situation était préoccupante, un audit a été diligenté par les autorités. Mais la prestation des italiens a fait des émules et des groupes russes, inconnus au bataillon, ont promis aux propriétaires des murs commerciaux et notamment aux frères Khechine à Hammamet et à Bechir Ennouri à El Kantaoui, des sommes de loyers astronomiques. En y regardant d’un peu près, elles ne semblent pas en rapport avec les marges normales espérées d’un établissement de jeu tunisien. D’où un doute légitime sur les raisons réelles qui animent ces investisseurs.
Que vont maintenant décider les autorités de tutelle, notamment la Commission supérieure des jeux présidée par Mr. Achouri ? L’enjeu est de taille, car les échecs répétés laissent des traces. L’économie tunisienne a pourtant tout à gagner en développant de façon crédible le secteur des jeux, devenu partie intégrante d’une politique touristique ambitieuse.
- mention : www.pariscotedazur.fr - juillet 2007 - René Allain -
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