Cannes : SOS terre battue,
la petite mort du tennis Gallia.
- Sur cette photo de 1993, prise lors de l’inauguration du tennis club, on reconnaît Dominique Desseigne, Diane Barrière, Christian Bimes, Henri Leconte, Martine Giuliani -
En Août 1993 Diane Desseigne inaugurait le Gallia Lucien Barrière Tennis Club
. Cette nouvelle acquisition du Groupe ambitionnait de donner une seconde vie à un endroit mythique que les frères Renshaw avaient choisi en 1880 pour y construire les premiers courts en terre battue du monde. Le Président de la FFT Christian Bimes dans son discours inaugural déclara que Cannes méritait désormais d’accueillir une étape de la coupe Davis.
Il tint parole et quelque temps après, les Hespérides totalement relookés, proposèrent au monde entier la rencontre France Suède. Diane Desseigne se félicitait que les grandes stars du moment comme Stephan Edberg, Henri Leconte, Cédric Pioline avaient fait de ce nouveau Club leur centre d’entraînement, car selon les spécialistes les cinq courts manucurés du Gallia étaient aussi performants que ceux du Monte-Carlo Country Club. Belle référence. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Un contentieux mal géré avec une copropriété voisine et une volonté affichée d’abandonner avant la fin du bail un Club en déficit récurant ont créé une situation détestable. Il y a déjà longtemps que la piscine a cadenassé son robinet d’eau claire et s’est petit à petit transformée en un triste marigot. Les irréductibles parmi lesquels Mansour Barhami ont pris l’habitude de contourner, à chacune de leur visite, ce lieu sordide afin de ne pas réveiller quelques sauriens imaginaires.
Les douches ressemblent à des champignonnières et les vestiaires ne survivraient pas à la visite d’un inspecteur de la DDASS. Face à la fronde, le Directeur Administratif et Financier du Groupe Lucien Barrière Côte d’Azur a pris les choses en main. Ignorant sans doute qu’au dessus de la terre battue, des adhérents à jour de leur cotisation depuis quinze ans, méritaient un peu de considération, il prit deux décisions improbables.
Celle de recouvrir d’une moquette inadaptée deux terrains, de bâcher les grillages des autres courts et de refiler le Club moribond à la municipalité cannoise. Ainsi le responsable du club, irréprochable à tous égards, reçu l’ordre de prévenir l’ensemble des joueurs de la fermeture du Gallia au 31 décembre 2007.
Le Père Noël pour sa part était missionné pour offrir à l’ensemble du personnel une lettre de licenciement économique. Certes la moquette nouvellement posée était impraticable et les autres terrains, désormais inaccessibles au moindre rayon de soleil, totalement détrempés. Mais l’annonce brutale faite aux sociétaires fut accueillie par une véritable levée de raquettes.
Le maire de Cannes, Bernard Brochand, alerté par une pétition n’était pas enclin à essuyer un revers à quelques semaines des municipales. En sportif avisé, il prit au bond la petite balle jaune et renvoya le Groupe Lucien Barrière à ses responsabilités. Ordre fut donné au responsable du Club de tout arrêter. Il était devenu urgent d’attendre, à Pâques où plus tard des décisions seraient prises.
D’ici là le personnel du Gallia soufflera un peu, Nanette continuera à initier au tennis de jeunes cannois et les abonnés se réabonneront peut être. Les amateurs de terre battue s’initieront à la moquette, les adorateurs du dieu Ra économiseront leur stock de monoï tandis que les frères Renshaw retourneront à leur anonymat et que l’âme du peintre Bellini errera à la recherche de ce Gallia qui l’avait inspiré…
Pascal Caron