Cannes : coup de théâtre, Jean Martinez passe à l’ennemi…
de là à penser que pendant 4 ans, il a fait du cinéma…
En se retirant de la course aux cantonales sur Cannes-Centre et en maintenant sa liste aux municipales, Jean Martinez devient l’allié objectif de Bernard Brochand. C’est en tous les cas l’avis de 14 de ses colistiers qui se désolidarisent de lui. Dans l’incapacité de retirer leur nom de la liste – les règles électorales ne le permettant pas – ils ont l’impression fort désagréable d’être pris en otage. Les électeurs risquent eux aussi d’être passablement perturbés. On le serait à moins.
Le rôle des médias (lire : Nice-Matin… plus loin FR3, plus loin encore les sites et les blogs) aura dans les quelques jours qui viennent un rôle déterminant. Les informations qu’ils véhiculeront et surtout les commentaires qu’ils feront ou ne feront pas, aideront les citoyens à décrypter cet évènement majeur de la campagne. Car si l’alliance et la refondation d’une liste entre ceux arrivés 2ème et 3ème respectait une certaine logique (nous avions écrit qu’elle ne paraissait pas contre nature), elle semblait carrément impossible à réaliser entre l’un ou l’autre et le maire sortant… Jusqu’à ce que.
Récit « présumé » d’une tractation aux allures d’ « un adultère électoral ». Tractation, le mot est lancé – ce n’est d’ailleurs pas un gros mot, pas plus que négociation le serait. C’est de pratique courante, du donnant donnant, par exemple dans la perspective d’une fusion de liste. Dire le contraire serait mentir et prendre les électeurs pour plus candides qu’ils ne sont.
Dès la proclamation des résultats, Jean Martinez demande à être reçu par Bernard Brochand. Il le voit le lendemain matin. Sont évoqués la possibilité de rester en lice pour les municipales et par contre de se retirer des cantonales. Les conséquences sont faciles à deviner : elles réduisent (en théorie) les chances de Philippe Tabarot à ces deux rendez-vous. En échange de quoi ? Nous ne le saurons avec certitude que lorsque le maire sortant - s’il est réélu – distribuera les cartes. Vous aviez dit tractation ? Non, simple négociation…
De son côté, Philippe Tabarot réunit ses colistiers et leur demande d’accepter le principe d’une fusion avec l’équipe de Jean Martinez. Fusion qui entraînerait de profonds changements dans la composition de la liste. Au vue des pourcentages obtenus, la tête revenant logiquement à celui arrivé juste derrière le maire sortant. La proposition est acceptée, Philippe s’efforce alors de prendre rendez-vous avec Jean. Ce n’est que très tard dans la soirée qu’ils communiquent par téléphone.
Philippe Tabarot finit par rencontrer au… Martinez, le sire du même non. L’affaire semble bouclée, tout le monde est d’accord, on s’embrasse mais ensuite…un silence radio qui s’éternise. Le compteur tourne, les minutes s’égrainent, jusqu’à un ultime coup de téléphone qui vient bouleverser la donne : Jean réclame la tête… de Philippe. Pas besoin d’être clerc de notaire pour comprendre que c’est une façon de rendre la fusion impossible.
On peut maintenant facilement l’imaginer, Jean Martinez, dès la veille, avait très certainement pris sa décision. Les jeux étaient faits, les dés pipés… Vers 17 heures, une heure seulement avant le dépôt des listes en sous-préfecture, on eut la confirmation qu’il y aurait une quadrangulaire à Cannes, et que Jean Martinez ne se présentait pas sur le canton de Cannes-Centre. Tout avait été fait pour qu’elle se révèle favorable à Bernard Brochand.
Premier à réagir, Emmanuel Blanc déclarait hier soir à 19 h 08, sur le blog de Christian Olivier : ''« Je pense que les électeurs de Jean Martinez doivent se sentir trahis ce soir. Voilà un homme qui, depuis 4 ans répète-t-il, mène campagne contre le Maire sortant, pour lui faciliter la tâche au moment où il devient possible de le battre. De même, de la part de Monsieur Brochand, qui répète en boucle que les proches de Martinez sont des personnes suspectes, et n'hésite pas à passer un accord avec lui. Que lui a-t-il promis en échange ? » '' Nous parlions ici avant hier de Machiavel et d’une fin qui justifiait les moyens : nous y sommes, nous y voilà…
Michel Mouillot, alerté par le revirement de stratégie de celui qui, sans lui, ne serait politiquement parlant, pas grand-chose à Cannes et sûrement pas à 20 % , a de quoi se sentir, lui aussi, « trahi ». Il aurait contacté personnellement tous les membres de l’équipe Martinez… pour leur dire ce qu’il pensait de la situation. Il préparerait aussi une déclaration…
L’écologiste Jean-Pierre Villon, recalé du premier tour, a été le premier a rejoindre Philippe, suivi peu après par Philippe Buerch - qui a de quoi être déçu par des résultats qui sont loin de traduire la notoriété et la dimension politique qu’il a acquise durant la campagne.
Cela ressemble de plus en plus à un « Tous contre Brochand » au second tour. Ce n’est pas Apolline Crapiz qui s’en plaindra…
Le reniement de Jean Martinez servira-t-il le clan Brochand ? Le compte à rebours a commencé…
Alain Dartigues
- mention : www.pariscotedazur – mars 2008 – - écrire au magazine, s'abonner, se désinscrire -