Festival de Cannes : Woody Allen nous fait oublier
que, pour l’industrie touristique cannoise, Barcelone… est un mauvais souvenir.
- Rebecca Hall, Soon et Woody Allen, Pénélope et Gilles… Jacob -
Il faut savoir que Woody Allen fut l’invité de la capitale catalane avant d’être celui de Gilles Jacob et de Thierry Frémaux. En effet, c’est pour répondre à une proposition venant de Barcelone que Woody a construit son dernier scénario. Promesse de financement en poche, le réalisateur qui « adore l’Espagne » débarquait aux bras de Pénélope Cruz, Scarlett Johansson et Rebecca Hall, ses muses du moment…
Opération de Com réussie, bon coup de pub pour la ville qui a ravi à Cannes la manifestation qui, juste après le Festival du film, ramenait en moins d’une semaine, le plus de devises dans les caisses de la SEMEC et dans celles de tous les commerçants de la ville. Les Cannois et tous ceux qui travaillent de près ou de loin dans le tourisme le savent, nous évoquons là le GSM, qui, pris dans la spirale du succès et de la démesure, est allé derrière les Pyrénées chercher une chaussure plus grande à chausser.
N’accusons pas pour autant Woody Allen, d’être venu ici remuer le fer dans la plaie… en présentant hors compétition – il parait que c’est son choix - son film : Vicky Cristina Barcelona.
Woody Allen nous parle avec une légèreté qui n’est pas innocente car le sujet brasse beaucoup d’émotions pas faciles à gérer, d’un ménage à trois. Parle-t-il d’expérience ? Si ce n’est pas lui, c’est donc son frère !
Il expliquait lors de la conférence de presse : "Je voulais que le côté tragique vous cueille à la fin du film. Je souhaitais donc raconter une histoire romantique plaisante, une histoire d’amour avec des moments amusants, mais à la fin du film, je voulais qu’on ressente une tristesse, liée au sentiment de remord. Je voulais que la dimension tragique ne soit pas omniprésente, mais apparaisse de façon subtile."
La fantaisie et l’autodérision, on ne veut pas bouder son plaisir, habitués que nous sommes à cette succession indigeste d’histoires tristes, de récits de guerre, de violences qui caractérisent le cinéma. Un auteur passe, avec juste ce qu’il faut d’érotisme et de pudeur. Le cinéma d’antan passe. Il faut lire entre les lignes, imaginer, fantasmer, la réalité crue est souvent, comme la viande, indigeste …
- Woody et Soon - en Chopard - version "Parapluie de Cherbourg" -
Alors, après New York, Venise, Londres, Barcelone, pourquoi pas Cannes comme cadre du prochain Woody Allen ? Mais la ville qui, pendant 12 jours, est la capitale du cinéma, a-t-elle pour lui le même charme ? « Adore-t-il la France, adore-t-il Cannes » ? Et qui est prêt à l’appâter avec la perspective d’un financement local ?
Alain Dartigues
- photos Chopard -
- mention : www.pariscotedazur.fr – mai 2008 - - écrire au magazine, s'abonner, se désabonner -