Festival de Cannes : et pendant ce temps là…
il pleut… et la vie continue.
- Cannes, à l'heure du Grand Journal de Denisot -
À propos de temps, il n’a pas été clément jusque là. Il faut remonter aux années 50 – l’ancien Palais avait été inondé - pour voir aussi longtemps tomber la pluie. Pour les cinéphiles, les purs et durs, à priori pas de problème. Ils vivent à l’intérieur, dans le noir, et la perspective de rester enfermé les 4 heures 30 que dure le film de Steven Soderbergh sur le Che ne les effraye pas. Leur seul souci étant de passer entre les gouttes, du Palais Stéphanie à la salle où se déroule la conférence de presse.
Pour les observateurs impénitents, le Festival et tout ce qui s’y passe, est un terreau fertile, propre à faire réfléchir, un sujet rêvé pour parler d’autre chose, pour relier entre eux les fils qui construisent la toile de notre vie, de la vie tout court… Sujets inépuisables pour scénaristes en mal d’inspiration.
Première remarque, le décalage entre la fiction et la réalité, entre la comédie et le drame, entre le possible et l’impossible. On nous montre la guerre et dehors il fait soleil, pardon, on annonce encore de la pluie pour ce soir… les VIP s’abritent sous les tentes des plages, boivent de la vodka… dans des tubes, c’est d’un chic ! Les stars qui font rêver les midinettes et nourrissent les rubriques people de Gala et de Voici, ne sortent qu’entourées de gros bras… Le champagne et du bon s’il vous plait, rosé de préférence, coule à flot… tandis qu’on nous parle sur grand écran du Liban, de cécité, d’amants déchirés… On nous montre du sexe et de l’hémoglobine, une vieille recette… les thèmes sont éculés, reste le talent du conteur et du caméraman, les acteurs jouant de la paupière et accrochant la lumière, c’est avant tout ce qu’on leur demande.
- ambiance Chopard ,sur la plage du Carlton Intercontinental -
Décalage entre La Croisette, son Chopard, son Cartier et la gare où stagnent des SDF et leurs chiens, à la limite d’être agressifs. Décalage entre la rue d’Antibes, ses boutiques de luxe, sa FNAC, son Darty et, une rue ou deux plus loin, le marché Gambetta pas toujours bien famée… entre le Palm Beach, son poker d’enfer et ses kite-surfers qui n’en on rien à foutre… entre le Suquet, ses pins parasols bi-centenaires et le marché Forville dont les abords, selon l’heure, sont envahis de vagabonds éthyliques…
C’est un peu comme dans toutes ses grandes villes où, à quelques pas des Hollyday inn et des Intercontinental, prospèrent les taudis et les bidonvilles sans que personne ne s’en émeuve. Ainsi va la vie et la vie, c’est pas du cinéma !
Alain Dartigues
- mention : www.pariscotedazur.fr – mai 2008 - - écrire au magazine, s'abonner, se désabonner -