Les élections américaines : Obama et McCain
au coude à coude. La couleur des candidats pèsera sur le choix des électeurs…
Si la France, l’Europe et le reste du monde avaient à désigner le prochain président des USA, il serait très certainement démocrate et noir. Mais, il se trouve que ce sont les électeurs américains qui ont cette lourde responsabilité. Et là, les jeux ne sont pas faits, tant s’en faut.
Avant-hier, c’était Obama qui était en tête. Hier, ce fut au tour de John McCain de surfer sur la vague provoquée par l’annonce de son colistier… une colistière blanche, ultraconservatrice, Sarah Palin. Les sondages, toujours eux, faiseurs et défaiseurs de destins politiques, indiquaient même qu’une partie des électrices – tous partis confondus - qui auraient donné leur voix sans rechigner à Hillary Clinton, juste parce que c’est une femme, se tourneraient sans hésitation vers la candidate au poste de vice-présidente. Une candidate qui aurait, une fois élue, de sérieuses chances de devenir la première femme présidente des Etats-Unis si, en cours de mandat, McCain venait pour raison de santé (rappelons son âge : 72 ans) à devoir abandonner son poste…
Aujourd’hui, Barack repasse en tête, porté par l’actualité nationale et la façon critiquée dont l’administration Bush a traité « l’affaire des surprimes » ainsi que la dernière crise financière, faisant porter le poids des erreurs des banquiers sur les contribuables américains.
Si pour les électrices, le fait d’être une femme peut être un déclencheur qui se joue de l’âne et de l’éléphant, que dire de l’appartenance à une communauté autre que celle encore prépondérante, la communauté blanche ? Car, quoiqu’on dise et même et surtout si cela peut être perçu comme politiquement incorrect, l’issue raciale va jouer à plein. Au dernier moment, dans le secret de l'isoloir, celle-ci pèsera de tout son poids.
Barack Obama, bien qu’il soit un métis, va rassembler autour de lui les communautés noires et latinos, voire asiatiques, qui vont se jeter comme sur un chien sur un os, sur cette occasion rêvée et inespérée de prendre une revanche sur « le dominant », sur cette arrogante suprématie blanche qui compte encore beaucoup de nostalgiques du Ku Klux Klan. Le candidat démocrate l’a bien compris. Il sait que les minorités noires et latines, fortes de 70 millions de personnes, représentent un… capital qui peut faire pencher la balance en sa faveur. Il les a d’ailleurs fortement incités à s’inscrire sur les listes électorales car souvent, nombre de leurs membres ne participent pas aux votes, par manque d’intérêt pour la politique ou parce qu’ils ne croient plus au changement.
À ce propos, rappelons que cette grande… démocratie a lors des élections, un taux record d’absentéisme, dans la mesure surtout où l’on prend comme base le nombre d’Américains en âge de voter. On frise alors les 50 %…
McCain ou Obama, qu’est-ce que cela va changer ? Pour les Américains pas grand-chose. Sans doute un peu plus de social si c’est l’âne qui conduit le troupeau et un peu moins de libertés pour les gays, les athées, les agnostiques, les femmes désireuses de maîtriser leur destin et leurs corps… si c’est l’éléphant qui prend la main. Pour ce qui est de la politique internationale, l’interventionnisme, le protectionnisme masqué, il n’y aura pas de bouleversements, que ce soit l’un ou l’autre qui l’emporte.
Rappelons au passage les paroles d’un correspondant de presse américain qui, à propos de l’élection à la présidence de Nicolas Sarkozy, lançait lors d’un débat télévisé : votre Sarko, il n’aurait même pas chez nos démocrates, une place sur leur aile la plus à gauche… Histoire de remettre les choses en place, les Américains, démocrates ou républicains, sont toujours à… droite toute ! Les Français, même les plus libéraux sont toujours par comparaison, sur le versant social de la démocratie…
- lire aussi nos articles sur le même sujet, du 2 février 2007 et du 3 février 2008 -