« My Fair Lady » finit sa tournée.
L’adaptation française de la comédie musicale s’en va en terre de cœur américaine.
Alors que Monica Belluci se pâme sur le tapis rouge cannois et que Sharon Stone lui emboîte le pas, une marchande de violette fait ses premiers pas sur les planches de Deauville.
En 1964, Audrey Hepburn, tout juste consacrée par son rôle d’Holly Golightly dans « Diamants sur canapé », campe, sur grand écran, Eliza Doolittle, « My Fair Lady ». Cependant, avant le succès cinématographique de la femme au « chic » Givenchy, l’histoire faisait rage pendant 10 ans à Broadway avec, comme personnage principal, une inconnue à l’époque : Julie Andrews.
Quarante ans plus tard, Jean-Marc Biskp, qui s’est déjà illustré dans « Carmen » ou « La Traviata », reprend la célèbre comédie musicale et laisse à la soprano Nelly Vila, le rôle titre. La restauration en 2008 du film a remis au goût du jour la comédie musicale mais a aussi fortement inspiré le metteur en scène puisque la partition musicale ne se dit plus dans la langue de Shakespeare mais en français ! Les puristes et amateurs de version originale seront sans doute déçus mais pas choqués.
En effet, les traductions en langue de Molière n’ont jamais été heureuses et si Johnny, Cloclo et les autres yéyés peuvent se vanter d’avoir fait de tubes en français des succès américains, il n’en est pas de même pour les comédies musicales. Présentée récemment à Cannes, « FAME » a connu la même adaptation et bien qu’elle ait conquis plus d’un spectateur, elle a souvent péché en romantisme rose bonbon dans les chansons d’amour. Les Français seraient-ils plus sensibles à la poésie des mots que les anglo-saxons ?
« My Fair Lady » est donc attendue avec appréhension. Pourtant, lors de sa présentation cannoise, la magie bourgeoise et l’enchantement des rues de Londres sont toujours présents. Certaines traductions étonnent, certes, comme « jt’en ferais voir Henry Higgins » mais l’histoire de la petite marchande de fleurs devenue grande dame grâce à l’aide d’un professeur de phonétique séduit encore. Le français aide même à la compréhension des événements. Peut-être est-ce pour éviter les situations inconfortables que vivent certains spectateurs d’Opéras lorsqu’ils ne connaissent pas la langue de la pièce ? Cette vulgarisation linguistique a des aspects pédagogiques en attisant la curiosité de beaucoup pour visionner la version originale.
Le spectacle joue ce soir sa dernière à Deauville, réconciliant ainsi l’hexagone et le Nouveau Monde. Il annonce ce faisant les prémisses du « Festival du Cinéma Américain » qui se tiendra du 4 au 13 septembre 2009.