Planète Terre : quand l’orange passe au rouge…

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personne ne s’inquiète. Seuls les environnementalistes – tristes oracles – continuent à tirer les sonnettes d’alarme. En vain !

La Planète Bleue chauffe. Du vert, elle est passée, ici à l’orange, et là, elle prend des teintes de plus en plus brunes. Demain, elle risque de voir rouge. Quand ? Nul ne le sait. Autour de nous (dans les Alpes Maritimes) tout semble aller bien. Pas de problème d’approvisionnement en eau, c’est le SICASIL et la Lyonnaise qui le disent. Nous pouvons donc continuer à… abreuver sans restrictions nos piscines (une minuscule piscine de 30 m2 consomme 24 000 litres d’eau chaque année, rien qu’en évaporation), arroser nos gazons publics et privés, entretenir nos réseaux d’eau potable au minimum syndical… Rassurez-vous, le gazon des greens de nos golfs n’est pas, chez nous, prêt de jaunir !

Il y a bien eu quelques jours durant lesquels le préfet des Alpes Maritimes, Francis Lamy, a décrété que les conducteurs de véhicules motorisés devraient mettre la pédale douce (lire ici). Combien l’ont fait ? Bien peu, énervés par cette limitation qu’ils ont vite jugée absurde. La population estivale diminuant et le vent de mer chassant l’ozone vers les monts voisins, jusque que sur les plus hautes de nos cimes, vers le Mercantour, la menace disparaîtra d’elle-même et les automobilistes pourront à nouveau appuyer sur leur accélérateur.

Donc, à quoi bon se préoccuper de prévention, réfléchir sur notre façon de vivre et de consommer ? À quoi donc servirait de mettre à plat les dossiers transport, loisirs, alimentation… ou tout simplement le dossier « civilisation » ? Ce serait bien sûr une très mauvaise idée qui risquerait de nous conduire à des changements radicaux. Qui veut en entendre parler ? À l’aune de leurs déclarations ni Nicolas Sarkozy, ni Ségolène Royal, ni tous ceux qui croient aveuglement à la croissance éternelle et à l'utralibéralisme, comme d’autres au paradis et à l’enfer. Qui d’autre voudrait entendre parler de changements drastiques, de décroissance, de restrictions, d’une politique basée sur la proximité, d’autarcie…? Ni vous, ni moi bien sûr, tellement protégés, tellement pris en charge, victimes consentantes d’une société de consommation dans laquelle bonheur se mesure à l’avoir plus qu’à l’être !

Nos petits enfants ou, au mieux, nos arrières petits enfants, trouveront à leur naissance une planète pleine de déchets ultimes, de ceux qui, in-recyclables, seront des vraies bombes… atomiques et gâcheront leur séjour sur terre… Ils regarderont à la télévision de beaux documentaires sur tout ce qu’ils auront raté, sur ces espèces animales et végétales à jamais disparues, ces tribus chassées, décimées, anéanties. Des images, des sons, tout cela leur semblera bien étrange et étranger, totalement abstrait. Ils ne pleureront même pas, ils ne nous en voudront même pas. Ils s’habitueront comme nous nous sommes habitués à vivre dans le monde qu’on nous a laissé, juste un peu plus serrés aux entournures, un peu moins libre, plus au chaud aussi sur une planète qui rétrécit. La force de l’humanité, au même titre que nombre d’autres espèces vivantes, ne réside-t-elle pas dans la capacité de s’adapter ? Et nous voilà presque rassurés d’apprendre qu’il y aurait de la vie dans d’autres galaxies, qu’après-demain, des terriens pourraient se loger sur Mars… Le Père Noël habiterait-il sur la lune ou bien quelqu’un voudrait-il nous faire voir la lune en plein midi…

Nos descendants s’habitueront à vivre ainsi, dans des mégalopoles de plus en plus grandes, de plus en plus vulnérables, ou le dénominateur commun n’est plus l’unité mais le mega octet. Demain, ils auront peut-être faim. Ils s’y habitueront aussi, des millions de gens ont eu faim et aujourd’hui, ils sont encore des centaines de millions à subir ce supplice quotidien…

« On n’oublie rien de rien. On s’habitue, c’est tout ! », clamait Jacques Brel dans les années 70. Mais à quoi sert donc de ne pas oublier si l’on ne tire pas les conséquences de nos actions, de notre passé, de notre histoire ? Au fond, nous savons, mais nous ne voulons surtout pas y croire !