France Algérie : à flux tendus…
Une première dans l’histoire : la criminalisation de la colonisation ! Qu’en pense la Chine et son Tibet ?
En ce début de mois de février, certains députés français n’en sont pas revenus. Alors même qu’ils discutaient de l’opportunité de ratifier une convention de partenariat entre la France et l’Algérie, ils apprenaient qu’un tiers des parlementaires algériens, soit 125, avaient déposé une proposition de loi criminalisant le colonialisme français (1830-1962). Ils demandaient ainsi que soient instaurés des tribunaux spéciaux pour juger les responsables de crimes coloniaux et demander à la France des excuses et des… indemnités.
Sans doute un des premiers à réagir, Thierry Mariani, député et conseiller régional du Vaucluse. Il a attiré l’attention du gouvernement sur le sujet et appelé à reporter cette ratification pour laquelle il a clairement manifesté son intention de voter contre. Les députés Michèle Tabarot, Lionnel Luca, Rudy Salles, Philippe Vitel, et Bernard Deflesselles, lui emboîtèrent immédiatement le pas. Comme ces parlementaires, on peut s’étonner (ou pas) de ce type d’initiative venant d’un pays dont une partie de l’économie dépend de la métropole et qui jouit d’accords privilégiés. Un pays qui pourtant voit d’un bon œil ses ressortissants immigrer en France et bénéficier de tous les avantages de la nationalité française qu’ils ne manquent pas de réclamer dès qu’ils le peuvent.
Hubert Falco, en tant que Secrétaire d’État à la défense et aux anciens combattants, a lui-même manifesté son inquiétude et son incompréhension face à cette attitude « anti-française aussi bien qu’outrancière, profondément blessante et insultante pour nos compatriotes rapatriés et pour la mémoire nationale ».
Mais si quelques députés ont ainsi réagi, on imagine mal que ceux qui se revendiquent comme étant de gauche, aient bougé le petit doigt (en l’occurrence, ils ont voté pour). On sait pourquoi. Les Algériens jouissant de la double nationalité sont nombreux et représentent un réservoir de voix propres, ici et là, à faire la différence… On est davantage surpris de la réaction du Sénat sur le sujet. La chambre haute avait sans état d’âme déjà ratifié en juillet la convention. Sans doute par pragmatisme et pour éviter, comme ne manqua pas d’indiquer Alain Joyandet, secrétaire d'État à la Coopération, il faut « regarder cette convention à l'aune de l'intérêt des peuples français et algériens. » L’Algérie est pour la France un partenaire commercial de premier plan. Les échanges commerciaux ont plus que triplé en douze ans et dépassé les 10 milliards €.
On l’aura compris l’intérêt… économique est le maître mot, pas question donc d’irriter les autorités algériennes à ce propos. Il était suivi en cela par Bernard Derosier (PS), qui jugeait ainsi malvenue et politiquement incorrecte, l'inscription par Paris de l'Algérie sur une liste de pays à risque pour les transports aériens.
Nos responsables politiques ont-ils tiré un quelconque enseignement de cette énième provocation ? Le vote de l’Assemblée nationale française est sans ambiguïté. Le projet de loi autorisant l’approbation de la convention de partenariat entre l’Algérie et la France dans les mêmes termes du texte déjà approuvé par le Sénat le 20 juillet dernier, a été adopté à une écrasante majorité. Tout ce beau monde suivant en cela les recommandations de la commission des affaires étrangères, d’octobre dernier, qui soulignait « la singularité de la relation franco-algérienne ». Il s’agit bien d’un partenariat d’exception qui connaît peu d’équivalent dans le monde, ajoutait le président de la commission, Hervé Haymard.
France, patrie des Droits de l’homme, France terre d’Immigration et maintenant terre… d’Exception.