Nasser : pas de barrage entre Paris et Marseille !
Le groupe électro rock des Bouches du Rhône, revient au pays avec son nouvel EP sous le bras.
Pastis à la main dans l'attente de sa bouillabaisse devant le Vieux Port avec la Bonne Mère en arrière-plan, voilà le portrait idéalisé que tout étranger en mal d'image d'Épinal se fait du chef-lieu du 13, département français !
Pourtant, loin des préjugés et des clichés sur l'OM et Plus Belle la Vie, certains groupes originaires de la région ont réussi à faire parler d'eux hors de la rue St Ferréol, en passant par le Sunset Festival à Marseille et l'étonnante Salle/Galerie/Café de Seconde Nature, aixoise. C'est le cas de Nasser, trio marseillais qui après sa performance remarquée à Solidays, s'apprête à faire trembler le Hush Hush et même la Suisse !
Un trio atypique puisque Facteur, musicien doué, connu en solitaire pour quelques remixs électro remarqués et des projets en instrumentales, s'est allié aux 2 réalisateurs, Double Zéro, proche de l'écurie Partizan de Michel Gondry ou autre Numéro 6, permettant ainsi de donner une image bien marquée comme dans leurs clips. Une image qui s'est déjà déclinée sur leurs 2 premiers EP : énonciation d'identité sur le premier, où résonnait le tube "Come on" et "mystères" sur le deuxième.
Lunettes américaines chaussées, les 3 garçons à l'allure, alors, incognito, présentent un bien étrange EP base et débutant sur une chanson énigmatique "La Chose". Mais quelle chose ? À l'écoute de la chanson témoin, il est bien difficile de déterminer le schmilblick musical. Est-ce du rock tendance heavy métal avec une montée très accrocheuse ou bien de l'électronique soignée mais expérimentale rappelant les meilleurs moments du dernier LCD Soundsystem.
Le groupe avait déjà mis en avant son ambiguïté musicale réussie et réjouissante dans son premier EP avec des morceaux comme Gbb, "We don't understand" ou "Too lound/ too old". Le mélange voix slame mais classieuse et mix énervé mais précis, à l'image de celui qui a fait connaitre le groupe sont encore présents dans Shooter. Le refrain tout aussi indéfinissable, en loop, un peu comme une définition de Magritte, à l'envers, met encore plus en avant le jeu habile de platine et la performance démonstratrice et quasiment live de Dj des musiciens.
Si tout paraît un peu obscur, tout en étant sensationnel, "la chose" dite ou plutôt écoutée a semble-t-il inspiré bon nombre de jeunes Dj talentueux et plutôt récents dans le paysage électro francophone. THEfkclub, Stern et Audrey Katz épaulée par Bijou qui ont déjà fait leurs armes sur des remixs de Phœnix, La Roux ou "Make the girl dance" et le chanteur pop français Severin s'amusent à donner tantôt des allures de Skins party hype, tantôt des airs de grosses "teufs" populaires à la composition marseillaise, comme savent le faire les Ghetta .
Une bipolarisation s'impose-t-elle donc toujours ? Pas forcément si on écoute le dernier morceau, Lamborghini, remix du groupe, qui possède les deux côtés de la force électronique et synthétisant ainsi la nouvelle french touch que le label Ed Banders a mis en avant comme avec "Justice."
Leonizer Records qui propulse ainsi deux de ses poulains avec Audrey Katz peut oser rivaliser avec le légendaire label français. Cette envie de se dandiner va sans doute contaminer la dance floor du Hush Hush des Milles ce soir.
Ceux qui boudent les discothèques branchées viendront sans doute saluer le nouveau talent marseillais au Festival électro montant, aoûtien niçois, le Festivall Cross Over !