Avec la rentrée, les bonnes résolutions pointent le bout de leur nez afin d’être plus performant dans cette société du « travailler plus pour gagner plus » ou du moins, perdre les mauvaises habitudes des vacances et du dolce farniente !

Là où la mère de famille soumise s’appuyait sur sa famille, l’individu responsable, indépendant mais débordé par la société de consommation préférera interpeller un tiers pour ranger sa vie personnelle, un être qu’il juge « magique » pour ses conseils avisés et sages, un coach. Ces personnes aux avis sanitaires inspirent les anonymes comme les stars hollywoodiennes ou les plus grands de ce monde. Britney Spears a dépensé plus que 10 000 € pour que James Van Daff, le coach des Pussy Cat Dolls, lui rende les hanches de ses 20 ans. Julie Ferrez doit sa célébrité à son client le plus illustre et le plus étonnant : Nicolas Sarkozy qui a suivi ses cours de musculation du périnée après les conseils de Carla son épouse.

L’édition s’est fait vite écho de cette « littérature de développement personnel » qui se vend comme des petits pains lors des fêtes de fin d’année. Devant tant de bons sentiments dans l’accomplissement d’un esprit calme dans un corps parfait, la révolution est en marche ! La chanteuse roumaine Miss Platnum préconisait de manger de façon gargantuesque par goût, Sabine Duhamel expliquait « Pourquoi il vaut mieux ne pas être une fille parfaite ». Salomé Van Pelt passe à la vitesse supérieure en décrivant « Comment devenir rien et le rester ? »

Et pour se rapprocher du néant, la tâche n’est pas aisée. Il faudrait encore ne rien faire d’important, ne rien se fixer, se taire ou laisser parler ses angoisses… Tant de bons conseils répertoriés dans un sommaire illustrent à la fois l’aspect de gourou que certains coachs ont adopté mais aussi le rôle didactique de… l’ouvrage lui même ! Tel est pris qui croyait prendre !

Avec une bonne dose de second degré mais aussi de critiques de ce système si bien rôdé, Salomé Van Pelt saisit le contre pied de toutes ces attitudes zen et bien pensantes que la société sur-stressée diffuse. Avec une écriture désopilante, digne des meilleurs blogs du moment (nogigtoday et girls and geeks), l’auteure mêle cynisme et vérités toutes nues en prenant à partie un lecteur amusé. Quand la doctrine structurée utilise des métaphores pour capter le plus abstrait de notre existence, l’écrivaine s’appuie sur des situations totalement concrètes, souvent cocasses, à travers une galerie de personnages griffonnés aussi inénarrables qu’hilarants.

L’auteure règle-t-elle ses comptes avec un de ces tyrans de la béatitude ? On pense évidemment à Jacques Salomé, Patricia Delahaie ou Nicolas Proupain mais les prémices de cette satire avaient déjà été émises par Pascal Fioretto, éternel pasticheur de vogue littéraire, avec « La joie du bonheur d’être heureux ! »

Les livres de la rentrée littéraire vous semblent encore trop épais en ces premiers jours de septembre ? Le manuel de l’anti-coaching sera une parfaite récréation, une manière de prolonger l’été sans ressentis !

Solène Lanza