Adrien Passigli : autant Cannois que Niçois.
Une mémoire azuréenne disparaît en même temps qu’un comédien « dell’arte ».
C’est dans l’ordre de la nature. Il faut un jour quitter les siens, et laisser le cycle des saisons continuer sans nous. Adrien Passigli a vécu longtemps et traversé des évènements qui ont fait la France d’aujourd’hui. Niçois dans l’âme, c’est cette ville qui a bercé son enfance. Son père était le chauffeur de Jean Médecin, le père de Jacques et très vite Adrien fut au courant de tout. Il restera d’ailleurs fidèle à la mémoire de Jacques Médecin qu’il accompagna dans des voyages autour du monde où il était toujours question de porter la bonne parole et d’encourager le tourisme. Fidèle aussi à Michel Mouillot, maire de Cannes dont il suivit le parcours cannois. Grâce à ces deux mentors qui le prirent en sympathie et appréciaient son humour dévastateur, sa truculence et sa joie de vivre, il fut décoré de l’Ordre national du Mérite, d’abord chevalier puis officier.
Personnage haut en couleur, plus connu par les clients de la Pizza du port par son surnom, Gatto, Adrien, a animé ce lieu incontournable à Cannes après avoir fait de même au Pizzaïolo dans le Vieux Nice en compagnie de son complice Francis Cresci. Là venait s’encanailler les notables, les artistes et d'improbables visiteurs de marque.
Laissons à Jacques Fabbri, trop tôt disparu, le mot de la fin. L’acteur et réalisateur confiait à Nice-Matin (en 1969) : « Ma Maison de la Culture à moi, c’est la Pizza du Vieux-Nice où mon ami Adrien réinvente chaque soir, à partir des éléments dont il dispose et sans arrière-pensée, les vérités essentielles de la comédie à l’usage des clients. Je n’ai pas peur d’y prendre des leçons de précision comique et d’humanité. »
- Né en 1919, Adrien est resté aux commandes jusqu’à ces dernières années, aidé par Christian Farget. Il devait décéder en fin de semaine dernière. Nos pensées vont à sa famille et à ses proches. Il sera inhumé à Nice.
Lire nos articles du 17 juillet 2007 et du 26 mars 2007