Provence : une crèche qui s’engage contre le nucléaire...

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Si l’industrie atomique crée des emplois dont beaucoup profitent aux locaux, elle fait aussi planer une menace sur l’environnement humain et sur la nature. C’est en tout cas ce que martèlent avec insistance, persuasion et arguments les opposants à cette source d’énergie moins bon marché que ses partisans voudraient faire croire.

Au Japon, les autorités annoncent qu’il faudra au bas mot 30 à 40 ans pour terminer les opérations de démantèlement des centrales de Fukushima. Sans qu’il soit question pour autant d'évoquer son prix, trop difficile à chiffrer, trop énorme. Pas de réponses satisfaisantes non plus sur le dossier pollution de l’environnement. Il touche les hommes, les sols, la mer et ses habitants dont les hommes se nourrissent, là aussi il s'agit de plusieurs dizaines d’années.

La France joue sa partition. Ses chefs d’orchestre successifs ont tous été d’accord pour l’interpréter de la même façon et pour accepter de dépendre pour son approvisionnement électrique à plus de 75 % de cette énergie. Difficile à un tel niveau d’oser faire marche arrière. C’est sans doute pour ça que le PS s’interdit d’emboiter le pas des Écolos de service et de servir la soupe à Éva Joly, sans doute la seule à y croire et à garder le cap.

Concernés plus que d’autres par leur proximité avec les centrales disposées le long du Rhône (qui fait de cette région historique, touristique, agricole, la plus nucléarisée de France), des Provençaux se sont organisés en collectifs antinucléaires. Celui du Vaucluse vient de se distinguer par la réalisation d’une crèche… provençale qui parle avec l’accent et ne craint pas d’afficher ses convictions.

Installée à Avignon, elle rappelle à sa façon que « nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants ! ». Ce qui, en Provençal n’est pas éloigné de cette autre affirmation : « Aquelo planèto es pas la miéuno, es aquelo de touti ! » (Cette planète, ce n’est pas la mienne, c'est celle de tous). La crèche concernée est en tout point provençale. Tout un petit peuple y est réuni au centre de l'hôtel de ville d'Avignon, du boumian au pastre, du boulanger à la poissonnière. Seul ajout et non des moindres de ce décor idyllique, les tours de refroidissement et leurs panaches de fumée, et, un peu partout, les signes bien reconnaissables du danger nucléaire, sous la forme de son logo jaune, bien reconnaissable.

Cette opération de communication où l’humour n’est pas absent est complétée par le déploiement de bannières explicites et de tracts distribués à la population dénonçant « le crime nucléaire et les atteintes quotidiennes à la santé et aux territoires par les installations nucléaires civiles et militaires… ». Salutaires piqures de rappel en ces temps de fêtes où il est de bon ton de penser à des sujets moins dérangeants, où ceux qui le peuvent dégustent du caviar au Fouquet’s tandis que d’autres, moins chanceux, se nourrissent aux Restos du cœur…

Alain Dartigues