Leipzig vous connaissez ? Non ? Et bien vous avez tort !
La région de Saxe a trois grandes villes Leipzig, Dresde et Chemnitz. « On travaille à Chemnitz, on négocie à Leipzig et on s’amuse à Dresde », tel est le dicton des Saxons.
Leipzig, célèbre par ses foires, était une ville riche depuis le Moyen-âge, ville des Marchands et des Juifs, ville de la Musique grâce à son orchestre symphonique créé par de prospères marchands, ville de Bach et de Mendelssohn, qui furent les maîtres de chapelles de l’église St Nicolas, véritable Mecque des Luthériens.
- photo Tilman Scheinpflug -
Grande ville du centre de l’Europe puisqu’elle comptait 800 000 habitants avant la deuxième guerre mondiale, seulement voilà, la Saxe francophone fut indépendante un temps, grâce à Napoléon. Elle fût incluse dans le secteur russe en 1945 et devint une ville de la RDA. Relativement épargnée par les bombardements au contraire de Dresde, rasée entièrement par les Anglo-américains, 300 000 morts, Leipzig perdit encore plus d’habitants qui fuirent le communisme. Sa population tomba à 400 000 habitants durant le régime de la RDA. La ville garda sa foire mais perdit beaucoup de son attractivité. Néanmoins, elle préserva son architecture baroque et put, grâce à la fermeture économique communiste, conserver un centre ville non dégradé par le béton des années d’après guerre, évitant la destruction des anciens immeubles d'une grande valeur esthétique.
L’Église St Thomas, où est enterré Bach, devint le symbole de la résistance contre le communiste, et, à la chute de celui-ci, un programme énorme de réhabilitation fut entrepris, qui porte maintenant ses fruits.
Ville-Forêt, elle est construite au milieu de bois sauvages, traversée par un réseau de tramway unique en Europe, permettant de ne pas utiliser de voiture.
À voir, l’étonnant monument commémoratif de la bataille des Nations entre Napoléon et les coalisés Russes, Autrichiens et Prussiens, construit par les francs-maçons de la cité contre la guerre et qui devint l’emblème, pendant le nazisme, du nationalisme allemand.
À voir également l’Église St Thomas et ses motets interprétés par le plus vieux chœur de petits chanteurs au monde, son centre ville baroque réhabilité, le restaurant historique évoqué dans le célèbre Faust de Gœthe, l'Auerbach's Keller, l'Opéra, la salle de concert le « Gewandhaus ». C’est là que récemment fut jouée la création mondiale de Mahler, « La Symphonie des Mille », par son célèbre orchestre, dirigée par P. Ricardo Chailly et retransmis sur la chaîne franco-allemande Arte pour le centenaire de la mort du compositeur et qui restera dans les mémoires de ceux qui l’ont entendue… Ne pas rater sa rediffusion.
Très attaché à la tradition luthérienne, une polémique a secoué récemment la ville : l’Église construite au sein même de l’Université ayant été détruite par le régime d’Éric Honecker, la reconstitution de l’Université sur le terrain même de l’église, a suscité un débat entre la population et les autorités. Finalement, l’église est en cours de reconstruction, sur l’emplacement même de l’ancienne et cela grâce à une mobilisation générale des habitants et une souscription à l’initiative d’une association locale ad hoc. Le communisme vaccinerait-il de la laïcité ? Imaginons en France une église construite dans une université, que n’en dirait-on pas aujourd’hui !
Allez donc visiter Leipzig un week-end ! On peut y aller, soit par Easy Jet via Berlin et ensuite emprunter le TGV allemand pendant deux heures, pour ensuite arriver à la plus grande gare du monde construite par l’empereur Guillaume II en 1912, soit par Lufthansa au départ de l'aéroport de Nice Côte d'Azur, avec changement à Munich, pour arriver à l’aéroport ultra moderne de Leipzig-Halle, base Europe de la tentaculaire entreprise postale DHL. Vous y verrez aussi les Porsches Cayenne fabriquées à l’usine de Leipzig, embarquer dans des avions géants russes Antonov à destination des USA.
Une bonne hostellerie, rénovée depuis la Coupe du monde de football, avec une préférence pour le « Mariott », situé en plein centre de la ville avec son spa.
Les Saxons sont des germains méridionaux francophiles au contraire des prussiens, leurs voisins ; une bonne idée de séjour pour ceux qui préfèrent la Culture au farniente ! Vous aurez un pied dans l’histoire, l’autre dans la modernité.
Gérard Charlier de Vrainville