Cannes : le dossier de l’intercommunalité toujours sur la sellette.

Un débat qui risque de lasser malgré l’importance de l’enjeu.

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Année après année, conseil municipal après l’autre, le dossier revient sur le tapis, comme une litanie. On en connait le refrain. D’un côté ceux qui, même avant la prise de Cannes par Bernard Brochand, poussaient à sa réalisation, de l’autre ceux qui temporisent dans l’espoir de gagner du temps.

D’un côté Philippe Tabarot et ceux qui l’entourent, de l’autre Bernard Brochand et David Lisnard qui jouent la montre et font preuve d’une mauvaise foi évidente. D’un côté ceux qui pensent qu’il faut commencer par le commencement et construire d’abord une intercommunalité avec les communes qui ne font pas encore partie d’une structure intercommunale (Cannes, Le Cannet, Mougins, La Napoule, Théoule-sur-mer) avec comme option celle de rejoindre l’entité constituée autour de Grasse avec les communes de Mouans-Sartoux, La Roquette-sur-Siagne et Pégomas, Pôle Azur Provence et de rassembler les petites communes du haut pays grassois. Sans pour autant rejeter l’idée qu’à terme, une grande intercommunalité pourra se faire avec Antibes et Valbonne, communes associées dans la Communauté d'agglomération de Sophia-Antipolis, la CASA. Un scénario qui permettrait de constituer une Métropole, telle celle de Nice Côte d’Azur, pour peu de convaincre quelques communes voisines dans le Var de s'y joindre. De l’autre côté, ceux qui craignent que Cannes ne tombe aux mains de leurs concurrents. En effet, en l’état actuel des alliances, Cannes serait en minorité dans une petite ou moyenne intercommunalité et ne serait plus maître de certains choix de gestion (une règle valable pour toutes les parties ailleurs) ; dans une grande intercommunalité, il lui serait, pense l’actuelle majorité municipale, plus à même de diluer et qui sait d’inverser le rapport des forces en présence.

L’ex-préfet des Alpes-Maritimes, Francis Lamy, avait, juste avant son départ, sommé les communes de s’entendre et indiqué clairement le schéma qui lui paraissait le plus cohérent, celui d’une intercommunalité nord-sud à taille moyenne, calquée sur le SCOT. On a vu que ce scénario avait été rejeté par l’équipe municipale en place avec l’appui de ses opposants de gauche… L’avenir du bébé est maintenant entre les mains du nouveau préfet, Jean-Michel Drevet, qui fut un chef de cabinet dévoué de Christian Estrosi lorsqu’il était ministre à l’Industrie après avoir été aussi secrétaire général de la préfecture azuréenne. Il est celui qui devra trancher avant la date fatidique, celle qui oblige les communes à s’entendre et rejoindre ou constituer une intercommunalité.

Alors, une petite à cinq, une moyenne à 29 ou une grande à 53 communes ? En sachant qu’entre Antibes et Cannes, cela n’a jamais été le grand amour, que ces deux-là, par leur taille et leurs ambitions se ressemblent trop pour s’assembler, qu’ils seront donc en compétition ; sachant aussi qu’il y a des équilibres politiques fragiles entre les inconditionnels de Sarkozy, en l’occurrence Estrosi/Ciotti, et ceux qui pensent que l’avenir de la droite se fera avec François Copé, raison sans doute pour laquelle Christian Estrosi est devenu l’allié de circonstance de Brochand/Lisnard tandis que les Tabarot seraient davantage capables de trouver un modus vivendi avec le nouveau ministre délégué aux Affaires européennes, l’Antibois Jean Leonetti, autre homme fort du département et le sénateur-maire de Grasse Jean-Pierre Leleux.

Reste que le temps presse et que les communes ont déjà perdu énormément de temps et d’argent laissant les autres prendre de l’avance. Ces querelles et ces 10 années d'atermoiements ont privé les finances publiques des dotations accordées par l’État auxquelles elles pouvaient prétendre et qui, cumulées, représentent des sommes rondelettes. C’est autant d’occasions définitivement perdues !