Var : le PLU du Pradet ne fait pas l’unanimité...
pour un Collectif des propriétaires et d’association créé ad hoc, il ne ressemble à rien !
Pas facile de fédérer autour de soi des individus sur le thème de l’urbanisme. Combien de fois ne voit-on pas des enquêtes publiques désertées par ceux-là mêmes qui, au lendemain de l’application des changements induits par un nouveau schéma d’urbanisme, seront les premiers à s’en indigner mais un peu tard ?
Dans la commune du Pradet près de Toulon, des propriétaires et des associations se sont organisés en un Collectif. Apolitique, il s’est donné mission de veiller « au respect des principes de droit fondamentaux des Pradétans, prévus par la Constitution et le Code de l'Urbanisme. »
Dans un communiqué de presse diffusé à la veille de Noël, il s’inquiète au sujet de l’adoption du Plan Local d’Urbanisme :
« Les débats qui ont précédé le vote du PLU du Pradet, mercredi, en conseil municipal, ont été l'occasion de constater ce que beaucoup savaient déjà. Ce PLU, conçu pour détricoter celui établi par la précédente municipalité, manque cruellement d'études pour l'étayer, en contradiction totale avec les règles d'urbanisme.
Sur le site de La Grenouille, des terrains agricoles inondables, en pleine zone humide (d'où le nom du lieu-dit !) qui devrait normalement être protégée par des élus verts, des terrains couverts de serres d'horticulture, deviennent constructibles ! Et ce, contre l'avis de la Chambre départementale d'agriculture et contre l'avis de l’État. En conseil, la municipalité a annoncé le chiffre de 400 logements sur ce site (soit au moins 1000 habitants), tout en avouant, en plein conseil, que le site permettra d'en construire près de 900 !
Le Plan de circulation proposé dans ce même PLU ne prend, chose incroyable, pas la mesure des conséquences de l'insoutenable projet immobilier sur le site de La Grenouille, et de l'afflux massif d'automobiles dans le secteur qu'il amènera forcément, ni non plus de l'arrivée prochaine du tram qui gèlera ou ralentira des voies de circulation.
Dans le même temps, des terrains historiquement constructibles, quasiment les derniers non-inondables au Pradet, situés à La Fleuride, terrains sur lesquels le Collège du Pradet était encore envisagé au mois d'août, deviennent en totale incohérence agricoles, sans qu'il n'y ait de projet viable possible, s'agissant de seulement 4 hectares, capables de générer au mieux... 0,13 SMIC / an d'après l'étude de l'Observatoire des exploitations agricoles !
L'équipe municipale porteuse de ce PLU a raté son rendez-vous avec les Pradétans, qui étaient en droit d'exiger un travail irréprochable, étayé d'études sérieuses pour en peser les conséquences économiques. À côté de cela, c'est un projet politique qui a été voté, totalement incohérent pour des élus qui se prétendent écologistes, puisqu'ils consacrent le principe de destruction d'une zone naturelle protégée, hier agricole, demain urbanisable, pour y accueillir des maisons qui feront jusqu'à 3 étages, bâties sur... des marécages !
Ne reste plus qu'à débaptiser la ville : Le Pradet deviendra demain La Faute sur Var !
Quand des centaines d'habitants se retrouveront les pieds dans l'eau dans leurs beaux pavillons tout neufs, construits en zone notoirement inondable, sans compter les risques de décès par noyade, dont le Var a encore été victime cette année, qui sera appelé en responsabilité ? Les élus qui ont voté ce PLU.
Heureusement, celui-ci étant structurellement entaché de nombreuses causes de nullité, plusieurs recours seront formés dans les prochains jours contre celui-ci par des associations et des propriétaires individuels. Dans le même temps, le préfet du Var sera informé par le Collectif et ses membres des lourds manquements aux règles d'urbanisme de ce PLU, lui demandant de le rejeter ou l'amender dans le cadre de son contrôle de légalité. »
La réaction de ces habitants semble bien compréhensible même si, paradoxalement, parmi ses protestataires nombreux sont ceux qui ont mis en place l’actuelle majorité municipale... Ce qui arrive au Pradet n’est pas un cas unique. La pression immobilière est forte dans plusieurs régions et France, particulièrement en Provence Alpes Côte d’Azur. Elle correspond à la volonté plus ou moins affirmée de ceux qui gouvernent notre pays de voir sa population augmenter. Ainsi dans des communes du littoral méditerranéen, on voit les programmes pousser comme des petits pains. Ceux qui traversent rarement des villages comme Mouans-Sartoux, Pégomas, ou le quartier de Ranguin à La Bocca ou encore le côté nord de l’espace protégé de la Croix des Gardes à Cannes, sont effarés. En quelques mois, surgissent ainsi des centaines d’habitations, des centres commerciaux. Cela représente des milliers de personnes et de voitures en plus, des écoles à construire, des établissements de santé... sans pour autant qu’en amont, on est tout fait pour résoudre les problèmes liés à la circulation automobile ou installé un service performant et incitatif de transport public, ou réfléchir à l’approvisionnement alimentaire, un enjeu d’importance dans les décennies à venir... Les déclarations d’intention d’un élu comme le député-maire de Nice, Christian Estrosi, qui affirmait il y a quelques années, de pas vouloir que les Alpes-Maritimes dépassent le million d’habitants, n’ont guère été suivies d’effets probants. Elles ne sont mêmes plus d’actualité. Toujours plus de nombre sur un territoire restreint, sans que cela s’accompagne d’une vision... d’un développement durable. Qu’on se le dise !
A.D.