Les pieds-noirs : 1962 -2012,
un anniversaire qui fait mal...
« Ceux qui sont loin de chez eux, Ceux qu’on oublie peu à peu. Ceux qui ont dans leurs yeux, Quelque chose qui fait mal. »
Michel Berger aurait-il écrit cette chanson en pensant aux Pieds-Noirs ?
J’en doute, mais ces phrases s’appliquent bien aux exilés
que nous sommes et que nous resterons jusqu’à notre mort. Écoutez donc cette
histoire :
Il y a longtemps, bien longtemps quelques braves avaient une
patrie. On leur avait dit : « Plus
vous travaillerez et plus vous aimerez ce nouveau pays ». Et ils
avaient travaillé dur, très dur. Presque sans outils et sans argent, ils
avaient épierré à main nue cette terre aride, cherchant l’eau, source de vie.
Travaillant sans relâche, sans un seul jour de repos. Résistant aux fièvres, à
la malaria, à la typhoïde, aux pillards. Pauvres et malades, ils chérissaient
cette patrie, pour eux c’était le monde entier. Leurs ancêtres l’avaient
fécondée, leurs mères l’avaient parée, leurs sœurs en avaient fait un paradis
embaumé. Enfin ils vivaient tranquilles. Ce pays là était heureux, il était
riche et généreux.
Mais ce pays fut bientôt la proie de la folie des hommes. Les
garçons robustes et intrépides succombèrent, périrent dans les combats. Des
femmes et des enfants moururent. Des maisons, des villes, des villages
disparurent.
Qu’y a-t-il de plus de plus misérable qu’un malheureux chassé de son pays ? Chassé du pays où Dieu l’a fait naître. Son devoir, s’il ne peut y vivre, est de mourir au pays de ses pères. Mais cela aussi lui fut ravi. Il aime son pays plus que sa vie. Peut-on livrer son pays à ses ennemis tant qu’il vous reste une goutte de sang dans les veines ? Non ! N’est-ce pas ?
« Maintenant, ils sont loin de chez eux, et on les oublie peu à peu. Mais ils ont toujours dans leurs yeux, Quelque chose qui fait mal, qui fait mal. »