Méditerranée : des essais à risques
pour le compte du lobby pétrolier...
Michèle Rivasi (oserai-je écrire Madame la député européenne...), s’inquiète des conséquences pour l’environnement des essais en mer profonde. Il s’agit du projet, « Abyssea », situé au centre du sanctuaire de Pelagos, une zone particulièrement sensible et dont le statut qui implique plusieurs Etats, avait mis longtemps à voir le jour.
- photo © RD - PCA -
Profitant de la tenue d’une
enquête publique, Michèle Rivasi réagit par une lettre ouverte adressée au
commissaire responsable Bertrand Nicolas. Extraits :
Ce projet comportant la création de deux
plates-formes sous-marines posées à 1300 et
Le projet
Abyssea, servant directement l’intérêt de l’industrie pétrolière, est situé
dans la zone sensible méditerranéenne que constitue l’aire Pelagos pour les
mammifères marins de Méditerranée. Ce
territoire est riche d’une biodiversité remarquable et fragile : cétacés,
tortues, dauphins, baleine, rorqual, cachalot… Une estimation a recensé dans le
sanctuaire Pelagos 8500 espèces animales macroscopiques soit environ 12% des
espèces marines mondiales....
Ce projet et sa localisation est incompatible
avec le Plan d’Action pour le Milieu Marin (PAMM) qui préconise le
« maintien en bon état de conservation des habitats profonds des canyons
sous-marins », la limitation des « risques d’étouffement des
écosystèmes » et la « limitation du dérangement acoustique des
mammifères marins », très sensibles à toute perturbation.
De même, il contrevient à la Charte du Parc
national de Port-Cros qui dispose soutenir « une économie de proximité en
encourageant la coopération inter-filières et les initiatives économiques
porteuses d’une plus-value sociale et environnementale ». Quid de la
plus-value sociale et environnementale dans ce projet ?
L’opacité est totale (sic) concernant les
objectifs réels de ce projet de recherche en eaux profondes. L’enquête publique
évoque seulement : « des efforts de recherche et développement dans
le domaine des technologies sous-marines grand fonds ». Mais le Pôle Mer
Méditerranée est plus explicite évoquant le fait que « ces dispositifs
ouvriront d’importantes perspectives aux industries pétrolières
minières ».
Outre l’aberration de continuer la recherche sur
les énergies fossiles à l’heure de la transition énergétique et de la lutte
contre le changement climatique, l’exploitation pétrolière off-shore à grande
profondeur est hasardeuse et extrêmement coûteuse. Même le Mexique commence à
le reconnaître. Certes le projet Abyssea
évoque aussi de la recherche sur les énergies renouvelables. Mais il est à
craindre que ce ne soit qu’un habillage « greenwashing » pour
justifier de financements publics.
Compte tenu des risques environnementaux qu’il
fait peser dans une zone d’une grande richesse en terme de biodiversité et de
l’absence de transparence quant à la nature même des projets de recherche dont
on ne peut que supposer qu’ils serviront les seuls intérêts des compagnies
pétrolières, je ne peux cautionner un tel projet en tant qu’écologiste et vous
demande Monsieur le Commissaire enquêteur de donner un avis négatif à celui-ci.
Dans la foulée, Michèle
Rivasi compte écrire au Préfet et aux Maires des communes
limitrophes pour que soient organisés des référendums locaux pour la sauvegarde
de notre bien commun, menacé par notre gestion désastreuse du milieu.
La protection de l’environnement, beaucoup d’élus s’en gargarisent. « Plus écolo que moi, tu meurs ! » affirment-ils sans pudeur mais quand il s’agit de choisir entre les intérêts des lobbies et la biodiversité, ils n’hésitent pas une seconde... (dézolé)