Cannes : le verdict des urnes

laisse Philippe Tabarot dubitatif...

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S'il y avait dans le département des Alpes-Maritimes un résultat improbable, c’est bien celui qui a clôturé le 2ème tour des élections municipales cannoises. Philippe Tabarot, son équipe et ses partisans n’en reviennent pas. Leur opposant, David Lisnard recueille plus du double de voix.


L’ampleur de la défaite interpelle et cela d’autant plus que Philippe Tabarot s’était fait voler la victoire, il y a six ans, grâce à la trahison de Jean Martinez (candidat adoubé par Michel Mouillot). À l’arrivée quelques petites centaines de voix de différence avaient permis à Bernard Brochand de passer à travers les gouttes et d'effectuer un second mandat. Pour le Conseiller général de Cannes et son équipe rapprochée, ce furent 6 années de plus dans l’opposition, une opposition malmenée et à l’occasion copieusement insultée. Mais d’évidence, le rôle d’opposant n’a pas payé, il a lassé les spectateurs et fatigué les acteurs.

De nombreux signaux avaient pourtant laissé croire que la campagne de proximité menée, l’importance accordée au quartier populaire de La Bocca, donneraient un avantage au challenger. Les soutiens furent nombreux et manifestes et semblaient indiquer que les Cannois voulaient du changement. Sans doute l’auront-ils avec David Lisnard, étant entendu que ce sera un changement dans la continuité puisque ce dernier, CG, 1er adjoint, président de la SEMEC, du SICASIL... était déjà l’homme fort de la mandature.

S’il est peut-être un peu vain de trouver des explications alors que la messe est dite, il faut d’abord chercher en direction du rapport des forces au niveau départemental. L’UMP s’est déchirée autour de la césure Coppé/Fillon donnant un très net avantage au dernier cité. Philippe Tabarot en a perdu sa vice-présidence au Conseil Général et s’est retrouvé isolé comme sa sœur Michèle. Les soutiens nationaux des deux rivaux à la mairie ont d’ailleurs reflété tout au long de la campagne cette coupure. Les Fillonistes se relayant à la permanence de David Lisnard, les Copéistes à celle de Philippe Tabarot.

Comme dans bien des communes françaises la liste FN a réalisé un bon score et l’a mise en situation de se maintenir au 2ème tour, sans pour autant changer l’issue finale puisque le total des voix du FN n’aurait pas suffit à changer la donne (NB : il n’y avait pas de candidat du Front lors des dernières municipales). Plus inquiétant pour notre démocratie, le poids de plus en plus grand des abstentionnistes. À Cannes, ils étaient 44,59% à avoir boudé les urnes... Qui sont-ils ? Des déçus de gauche et de droite, des sceptiques, des anars, des indignés ? Un prochain sondage nous renseignera sans doute, bien que les derniers se soient assez lourdement trompés donnant seulement 10% de différence entre les deux candidats...

Pour revenir sur le précédent mandat, on se rappelle de l’intervention de Michel Mouillot dans le débat. Pour faire obstacle à la réélection de Bernard Brochand, il avait mis sur orbite un parfait inconnu, Jean Martinez. En activant ses réseaux, il lui avait fait obtenir 20% des voix au premier tour avant que ce dernier ne décide, contre toute logique, de faire le jeu de celui qu’il avait si ostensiblement critiqué et combattu... Mais, bien que toujours passionné par l’actualité cannoise, l’ancien maire de Cannes n’a pas cette fois pris position de façon suffisamment visible pour favoriser peu ou prou le candidat de l’opposition.

Si les Brochantistes sont à l’évidence satisfaits du bilan des deux derniers mandats, ils ont eu néanmoins à gérer une année marquée par six mises en examen (un triste record national), deux élus de la majorité et quatre membres de l’administration, tous proches du maire. Apparemment, ils ont choisi la bonne stratégie, celle de faire comme si. Comme si cela n’avait pas d’importance. Pas un mot pour défendre les personnes mises en cause sinon la déclaration lapidaire de David Lisnard : «  Si des gens ont fauté, qu’ils soient punis, si les gens sont innocents, qu’ils soient innocentés ». Sur ce dossier aussi, les Cannois ont eu la même attitude que la majorité des Français. Les affaires judiciaires ne les émeuvent plus et ils sont prêts à faire l’impasse sur le sujet... La Justice en fera-t-elle autant ? Rien n’est moins certain.

Les choses étant ce qu’elles sont, il est une tradition républicaine à respecter, celle de souhaiter bonne chance aux vainqueurs qui auront à défendre les intérêts de tous les Cannois !