Saint Honorat : une île fortifiée
par les moines.
L’histoire de la région est liée depuis le Moyen-Âge à la présence des religieux. De Mandelieu à Grasse, de Valbonne à Cannes, ils ont marqué leur empreinte et les archives confirment qu’ils ont géré d’importants territoires et pas seulement des âmes.
« Lérins est une miette de prière au milieu de l’éternité qui l’entoure de toute part » - Paul Claudel
Si, la Révolution de 1789 allait leur confisquer la plupart de leurs biens matériels, la République les a confortés dans la possession de l’île saint Honorat (leur reprenant au passage l’île Sainte Marguerite). Une chance dont ils ne sont pas les seuls à profiter. Véritable havre de paix à quelques encablures (une demi-heure en bateau) des Palaces de la Croisette, du bruit et de la fureur du Festival du film, l’île des moines offre une nature préservée, un patrimoine architectural riche, le calme nécessaire à la réflexion et à la méditation et cela que l’on soit croyant, agnostique ou… athée.
Si la communauté monastique a toujours mis beaucoup d’énergie à entretenir son patrimoine, elle a eu à faire face, ici aussi, à la baisse de ses revenus liée en partie à celle des vocations et de la fréquentation des lieux de prières. Il y a eu des décennies de vaches maigres mais, malgré un effectif réduit, les moines de Saint Honorat ont depuis une bonne dizaine d’années remonté la pente et réhabilité les lieux. Ainsi plusieurs milliers de mètres carrés de toiture ont été changés. Des opérations onéreuses rendues possibles grâce à la mise en valeur de leur vignoble et la bonne commercialisation des vins de grande qualité qu’il produit.
Une autre étape vient de débuter avec le lancement officiel d’une campagne de restauration d’envergure. Elle concerne la restauration du Monastère fortifié (édifice construit du 11ème au 14ème siècle) et de la Chapelle Saint Sauveur. À cette fin, une convention avec la Fondation du Patrimoine et les partenaires concernés, la ville de Cannes et le Conseil général des Alpes-Maritimes, vient d’être signée. Ces mémoriaux étant classés au titre de monuments historiques, l‘Etat devrait dans un avenir proche ajouter sa signature de partenaire privilégié…
Le Père Abbé Vladimir Gaudrat de l’Abbaye de Lérins, a reçu les signataires (Jean Louis Marques, David Lisnard et Pascal Loddo), pour une visite guidée du monastère fortifié détaillant le projet de restauration. Celui-ci devrait s’étaler sur 3 ans en trois tranches concentrées sur la période calendaire d’Octobre à Mai, afin de ne pas pénaliser le tourisme sur l’île, particulièrement en période de plus grande fréquentation. L’enfouissement des fouilles de la Chapelle Saint Sauveur (montrant un établissement monastique du Cinquième siècle) et la restauration de celle-ci devrait s’étaler sur 2 ans en deux tranches successives à partir de l’hiver 2014.
Ces travaux permettront aussi de donner du sens à ces bâtiments par la réalisation d’un parcours de visite présentant l’histoire de l’île et de la vie monastique. La mise hors d’eau d’une partie du monastère fortifié permettra aussi une présentation des restes lapidaires anciens se trouvant sur l’île. Ainsi restaurés et aménagés, ces bâtiments seront plus porteurs de sens et de spiritualité ce dont tous les visiteurs pourront profiter.
En dépit de ces aides substantielles autant qu’indispensables, il manque à la communauté cistercienne entre 20% et 25% de la somme globale pour boucler son budget. Elle devrait bientôt se doter d’un site Internet pour faire appel directement aux particuliers.
- Pascal Loddo (debout), le Père Abbé Vladimir Gaudrat, Jean Louis Marques et David Lisnard -