Alpes-Maritimes : un an après, le spectre des inondations…
Il est venu le temps de faire le bilan. Quelles réflexions ont été faites et quelles mesures ont été prises pour que les éléments météorologiques ne provoquent plus les drames d'octobre dernier. Un an après, les communes concernées par cette catastrophe, commémoraient ce triste anniversaire, chacune à sa façon. Parmi les plus touchées, Biot, Antibes, Valbonne, Golfe Juan… À l’ouest du département, plusieurs communes de « Pays de Lérins », après avoir rendu hommage aux victimes, ont entrepris de tirer les leçons des événements et de panser les plaies aussi. À Cannes, les vallons qui sillonnent le quartier de la République ont été quasiment tous curés et leur radier réparé. Ce qui permettra de mieux canaliser les eaux les jours de fortes pluies.
- Mandelieu : le Riou un an après -
Pour certaines des victimes, il ne fait aucun doute qu'il y a eu des négligences, une sous-évaluation de risques et des moyens mis en œuvre pour les prévenir ou du moins en limiter les conséquences les plus dramatiques. Plusieurs ont d'ailleurs choisi de porter leur affaire en justice. Il ne fait aucun doute que l'urbanisation esoit en cause. Des zones inondables et déjà inondées où l'on a continué à construire ont mis de nombreux habitants et des entreprises en danger. On peut se demander en effet comment on a laissé bâtir des villas et des immeubles à proximité des cours d'eau, cours d'eau peu ou prou entretenus, véritables bombes à retardement en cas de crues soudaines. On peut par exemple se demander quelle est la pertinence sur ces zones sensibles, de construire en sous-sol alors qu'ils sont régulièrement inondés ? D'où cette recommandation, limite indécente, formulée par le maire de Mandelieu et reprise par la préfecture : on ne descend pas dans les parkings en sous-sol pour sortir sa voiture quand on est en vigilance orange !
Les administrations commencent mais un eu tard à rectifier le tir et à classer de nouvelles parties du territoire en zones inconstructibles. Au grand dam de propriétaires qui se retrouvent du jour au lendemain dans l'incapacité de rester sur place ou de vendre leurs biens. Un drame qui vient s'ajouter à ceux qui ont perdu des proches, à des entreprises obligées de mettre la clé sur la porte.
Que faire pour limiter la case : alerter la population par haut-parleur (une mesure préventive envisagée à Cannes), construction de bassins de rétention comme au Cannet, redimensionner les buses d'évacuation, mise en place d'une cellule de veille à la moindre alerte sérieuse... Il reste malgré tout le fait que toutes les initiatives de prévention envisagées et envisageables ne font que réduire les risques. On peut aussi s'interroger aussi sur les travaux de reconstruction entrepris… Quelle garantie peut-on avoir que les mêmes causes ne produiront pas, sensiblement, les mêmes effets ? Que les écoles refaites, les entreprises rouvertes sur les mêmes lieux, les piscines remises en état ne seront pas de nouveau mis hors services pendant de longs mois ?
À Mandelieu, commune qui compte le plus de morts (8), la polémique va bon train. Le conseiller municipal, Jean-Valery Desens, enfonce le clou. D'évidence, le maire et son équipe n'en auraient pas assez fait. Il a constaté et fait constaté l'état actuel du Riou de l'Argentière et de ses huit affluents sur la partie mandelocienne de leur parcours un an après. Les preuves visuelles sont accessibles à tous sur la page FaceBook du conseiller. Hormis son embouchure jusqu'au niveau du Golf de Barbossi, rien n'a changé. « Les berges sont fragilisées, parfois effondrées, des centaines de rochers ont été arrachés des berges par la puissance de l’eau et se trouvent toujours dans le lit. De macro matériaux issus de l’homme (moteurs, baignoires, grillages, barres en métal…) restent visibles. L’embouchure dans le Riou de l’Argentière du vallon de Vallauris est totalement obstrué par la végétation... »
Dès le début de la controverse, la mairie a d'abord nié les faits. On pouvait lire sur la page FaceBook du 1er adjoint de Mandelieu, Sébastien Leroy, neveu du maire, « Après vérification par les services de la DGST et un cabinet hydraulicien, il s’avère qu’il n’existe aucun embâcle ou obstacle sur le territoire de Mandelieu-La Napoule ». Pour plus tard rejeter la faute sur l'impossibilité d'intervenir sur des propriétés privées. Ce que relative le conseiller municipal qui accuse le 1er adjoint d'avoir joué la montre, pire que « la ville de Mandelieu-La Napoule n’a pas transmis les documents permettant de faire une DIG (demande d’intérêt générale) et n’a pas voulu utiliser son pouvoir de substitution. »
Sous la menace d'une plainte de la ville pour avoir averti les médias (qui se sont déplacés pour vérifier les faits) et sensibilisé une partie de la population, le lanceur d'alerte Jean-Valery Desens a décidé de s'en remette au président de la Communauté d'agglomération « Pays de Lérins », Bernard Brochand, pour établir les faits et prendre toutes les mesures nécessaires pouvant dépendre de son administration.