Marseille. Joseph Inguimberty exposé aux Regards de Provence...
Du 6 mai au 12 novembre, le Musée Regards de Provence met à l’honneur le peintre originaire de Marseille, Joseph Inguimberty (1896-1971). Son parcours artistique est un regard croisé entre la Provence et l’Indochine. Son œuvre incarne deux vies et expériences hors du commun, que sont celles de l’hôte du delta tonkinois et du peintre de la Provence.
Le
débarquement du plâtre -
1923
collection Musée d’Histoire de Marseille
Cette exposition réunit près de 80 œuvres, liées à ses vingt années passées en Indochine, illustrant paysages, travailleurs dans les rizières, scènes de vie, intimités des femmes, et d’autres révélant l'activité portuaire de Marseille, des paysages des calanques, de l’arrière-pays provençal, de la Côte d’Azur jusqu'à la frontière italienne.
« A Marseille, fasciné par l’animation du port, il tire trois immenses compositions de 20 m2 consacrées à l’animation des quais et au labeur des hommes : Marseille, Le débarquement du plâtre et Le débarquement des arachides. Chaque tableau constitue un assemblage de saynètes où se dégagent une force et une puissance. La robustesse des dockers crée l’équilibre dans cet univers exclusivement masculin fait de formes épaisses, lourdement unies au sol ; la tension physique est palpable.
Les couleurs ne sont jamais éclatantes comme on pourrait s’y attendre dans le Midi mais semblent voilées, ternies, grisées. La lumière ne s’y accroche pas par petites touches, elle se distribue plus lourdement, comme par coulées, de manière à enrober certaines formes, renforçant le sentiment de solidité. Il dira : Le soleil ardent de la Méditerranée mange la couleur et n’offre à l’œil qu’une palette de tons gris aux nuances d’ailleurs infiniment variées.
Nommé professeur d’arts décoratifs à l’École des Beaux-arts de Hanoï, Joseph Inguimberty guidera, avec passion et dévouement, son enseignement auprès d’une vingtaine de promotions d’étudiants. En Indochine, il enseigne tout autant qu’il apprend. Sa peinture se nourrit des paysages qu’il découvre, bien différents de ceux de sa Provence d’origine. Le peintre a souhaité inscrire sur la toile la vie quotidienne des humbles travailleurs : paysans des rizières, pêcheurs ou porteuses de ganh, assistés des animaux qui les aident dans leurs tâches. Par un traitement original de la couleur et de la lumière, ces thèmes sociaux sont abordés sur un mode réaliste, tout en gardant une certaine distance avec le sujet, qui permet, par-delà les frontières, une réflexion universelle sur la condition humaine.
Au
bord de la mare - 1937
huile sur toile - collection
particulière
A la fin de l’année 1946, à peine rentré à Menton, il se met en quête de nouveaux motifs qui pourraient l’inspirer et s’efforce de réapprendre à inscrire sur la toile la lumière méridionale. Le peintre retourne à Marseille et retrouve avec bonheur les quais de sa jeunesse qui ont beaucoup changé. Il se rend aussi régulièrement au pied des Alpilles autour notamment des villages d’Eyguières et d’Eygalières, d’Orgon, de Saint-Rémy. Dans le Luberon, il s’attarde dans les champs et les oliveraies des environs de Murs.
L’œuvre d’Inguimberty incarne deux vies et expériences hors du commun que sont celles de l’hôte du delta tonkinois et du peintre de la Provence. Deux pays, deux lumières, et deux natures, qui révèlent pourtant les mêmes qualités fondamentales, le même souci de franchise. La peinture d’Inguimberty s’est construite à son image. Une œuvre intense, poétique, solide, honnête et sensible à la fois. Une force tranquille, qui prend tout son temps pour dévoiler les rythmes de la nature en une mate palette qui ne cherche pas à séduire, d’avantage à apprivoiser. Avec humilité, dans l’apparente simplicité des choses, Inguimberty, nous surprend et nous invite à observer, patiemment, car la poésie contenue dans le réel ne se livre pas au premier coup d’œil. »
d’après le texte de Giulia Pentcheff
Musée
Regards de Provence
Avenue Vaudoyer, 13002 Marseille
Tél. :
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