Cannes. Lycée Carnot - 1950/51 - classe de 11ème
Après la guerre, le Lycée était constitué de salles d’études et d’un internat. Il accueillait aussi les classes du primaire qui, à l’époque, commençaient après 2 ans de Maternelles et en toute logique par la 12ème, pour se terminer par la 7éme… Suivaient les classes du secondaire, de la 6ème jusqu’en terminale…
Le nombre d’élèves par classe était, à l’aune d’aujourd’hui, élevé. Ici, nous étions 38 (j’ai connu des classes à 44) mais ça ne bronchait pas. L’instruction civique était au programme et une punition à l’école donnait lieu à une nouvelle punition de retour chez soi… Sur la photo on notera qu’un seul élève porte des lunettes et qu’aucun n’est en surpoids (même si quelques joues sont bien rondes)… Il y avait sur ce dernier point une bonne raison. Six ans après la guerre, il y avait encore des restrictions alimentaires sur des produits de base. J’ai le souvenir des tickets distribués à chaque famille en fonction de sa composition. Il donnait le droit… d’acheter du lait, des œufs, du pain, de la viande en quantité réduite. Muni de ces sésames, je traversais seul le boulevard Carnot au niveau du Palais de Justice avec mon pot à lait en aluminium pour aller à la crémerie des Dalmasso. Ils avaient deux vaches à l’arrière et des poules… Pudeur oblige, j’éviterais de parler du marché noir qui permit à certains de survivre dans de bonnes conditions et de démarrer une nouvelle vie sous les meilleurs auspices...
Assis, le longtemps proviseur et consensuel Mr. Garino et la professeur, autorités qui inspiraient le respect et la crainte aussi… Ceppi, Tosello, Maro, Renaudo, Meridjean (j’apprendrais un peu plus tard qu’il était Arménien et qu’il vivait près de chez moi, avec ses parents, dans un sous-sol peu salubre), Martin, Alex… pourraient en témoigner… Les vêtements reflétaient les us et coutumes et la classe sociale de chacun aussi… Pas mal de familles monoparentales, le père ayant péri à la guerre, d’où des situations de précarité faciles à imaginer.