Pour la 1^ère fois, pour rendre visite à mes parents dans le Sud de la France, j’ai choisi de prendre le train depuis Berlin, plutôt que de prendre l’avion. La comparaison est édifiante : j’ai fait 24 heures de train, via Munich et Milan pour arriver à Nice… contre 1 heure 50, si j’avais pris l’avion, mais j’ai consommé 100 fois moins de changement climatique*. Évidemment, j’ai bien eu le temps de faire quelques photos de paysages en souvenir.

Je ne suis pas meilleur que les autres, j'émets toujours beaucoup trop d’équivalent Co2 pour accomplir ma part pour sauver la planète des guerres climatiques à venir**. Mais pour commencer, ne devrait-on pas arrêter de montrer des photos de nous dans l'avion ou à l’aéroport sur les réseaux sociaux ? Nous avons tous des amis végétaliens en ligne, ce qui nous empêche maintenant de publier sur Facebook cette belle pièce de viande rouge bien chaude... mais ces 200 grammes de viande émettent 1 kg d’équivalent Co2, quand un trajet européen aller-retour en avion émet environ UNE TONNE. Et en Europe, vous pouvez utiliser les trains… Mais il faut envisager peut-être d’arrêter de montrer des images de vous-même dans des avions ou à l'aéroport sur les réseaux sociaux. Cette publicité n’est-elle pas un peu comme cracher sur la planète et sur les réfugiés qui viennent déjà en masse parce que le changement climatique a commencé à rendre leur pays invivable ? N’y a-t-il pas encore bien d’autres belles choses que nous pouvons publier sur nos médias sociaux ?

Je crois que la toute première étape pour sauver cette planète consiste, pour les 2 milliards de gens aisés que nous sommes, à aller en ligne pour calculer chaque année en détail un graphique en couleur représentant notre bilan carbone personnel, en indiquant tous les détails de nos émissions***. Parce qu’il n’y aura jamais de changement politique si les gens continuent à sous-estimer leur propre impact et à blâmer les « méchantes compagnies pétrolières » qui nourrissent leurs jolis avions et autres bricoles.

Ce voyage Berlin-Nice-Berlin m'a coûté deux fois plus que l'avion, mais pour mettre les choses en perspective, le dernier rapport du GIEC de novembre 2018 donne des conseils à l'ONU pour des impôts ou taxes sur le carbone qui devrait coûter 3000 € par tonne de CO2 émise, en 2050... N’espérons pas que les avions soient exemptés de ces impôts/taxes, après que le mouvement des « Gilets Jaunes » en France ait très bien montré que les personnes utilisant leur voiture pour se rendre au travail n'accepteront pas d'être les seuls taxés. Ainsi, un voyage européen en avion en 2050 pourrait coûter environ 3000 € si nous acceptons de sauver cette planète. Environ 12 000 € pour un aller-retour aux États-Unis ou en Asie. A méditer.

* Si j'avais pris l'avion pour ce voyage, j'aurais émis 941 kg d’équivalent CO2 alors qu’avec mon voyage en train j’ai émis 15 kg, principalement dus à l'électricité produite à partir de charbon et de gaz en Allemagne et en Italie. Avec le modèle électrique nucléaire français sans carbone, cela aurait été près de 0 kg. Bien sûr, nous pourrions faire la même chose avec 100% d'énergies renouvelables au lieu de nucléaire, mais attendons-nous à payer 10 fois plus pour stocker l'électricité et l'infrastructure. Quant à la compensation carbone elle est à notre avis une arnaque et un mensonge.

** Pour faire notre part et respecter l’accord de Paris sur le Climat, dans 30 ans, chaque humain doit émettre moins de 1,6 tonne d’équivalent Co2/par an. Un Allemand moyen est aujourd’hui à 16 tonnes et un Français à 11 tonnes.

*** Calculateur personnel en ligne sur les émissions de gaz à effet de serre  http://avenirclimatique.org/micmac/index.php.

Alexandre Barthélémy