Paris. Les grèves impactent le chiffre d’affaires des restaurants…
Après presque deux semaines de grève, les commerces de bouches font grise mine avec jusqu’à 70% de chiffre d’affaires en moins dans certains restaurants parisiens. Le nombre de clients pressés de rentrer chez eux, ou qui préfèrent renoncer à sortir au restaurant, ne se compte plus.
Didier Chenet, président du syndicat hôtelier GNI-Synhorcat, s’est dit « très inquiet » des conséquences de la grève sur son secteur d’activité. « On est, en termes de baisse d’activité, au même niveau que le cœur de 1995. À Paris, jeudi 5 décembre, on constate moins 30% de chiffre d’affaires dans la restauration ; le week-end moins 50 %. Nous en sommes aujourd’hui, et je vous prie de me croire, à moins 70 %. » Selon lui, sur 5 jours de grève, la perte est estimée à « 200 millions € de chiffres d’affaires » dans les restaurants parisiens.
Le lendemain, en direct du plateau de LCI, Marcel Benezet, président du syndicat des Hôteliers restaurateurs, s’est également alarmé : « C’est une catastrophe économique. La situation pour tous les commerces parisiens est très grave. J’ai un restaurateur qui a fait à midi, 64 € de recette quartier Bercy avec 10 salariés. En fonction des arrondissements, le chiffre d’affaires va de 20 à 80 % en moins. »
Pas facile de remplir les salles lorsque les clients ne peuvent pas se déplacer. Les enseignes souffrent d’une baisse de fréquentation de leurs établissements. Frédéric Gabin, chef cuisinier du restaurant La Créole dans le 14ème arrondissement se désole du fait que « les clients qu’on a l’habitude de voir ne viennent plus ». Alors qu’en temps normal, il tourne avec 100 couverts en moyenne le midi, il n’en a qu’entre 20 et 30 depuis le début de la grève. Même constat pour une autre enseigne créole. De 60 couverts en moyenne, elle tombe à 15 ou 20 couverts ces jours-ci.
Il doit aussi faire face à un manque d’effectifs : le soir, il se retrouve avec moitié moins d’employés, les absents craignant de ne pas pouvoir rentrer chez eux après le service. Beaucoup d'établissements baissent le rideau plus tôt le soir, faute de clients et pour éviter d'avoir à payer le taxi à leurs employés finissant tard.
Dans les hôtels, ça n'est qu'annulation sur annulation. « C'est simple, depuis le 2 décembre, j'ai perdu 430 nuitées qui ont été annulées, ça représente 40 000 € de manque à gagner, la situation est bien pire qu'en décembre 2018 où les annulations se concentraient sur le week-end, quand les Gilets jaunes manifestaient ».
Comme d'autres responsables du secteur de l'hôtellerie-restauration, Didier Castel, directeur général de l'Ouest Hôtel, un hôtel 3 étoiles tout proche de la gare Saint-Lazare, vit « au jour le jour » depuis le début des grèves dans les transports. Mais, ajoute-t-il, « actuellement, c'est assez violent : tout le monde annule, voyageurs d'affaires comme touristes. Ils craignent de ne pas pouvoir venir en train, ou de ne pas repartir, et de ne pas pouvoir bouger une fois dans Paris », raconte l'hôtelier, sur un ton dépité.
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