Chapeau de gendarme...
« Là où il n'y a pas de gendarmes, une certaine race d'honnêtes gens est capable de tout. » affirmait François Mauriac.
Les résultats de la politique de répression - il faut bien l'appeler par son nom - concernant la conduite automobile, sont éloquents. Le nombre d'accidents mortels a nettement diminué et on note un petit changement dans le comportement des automobilistes, devenus comme par miracle plus respectueux du Code la route.
La clef de cette amélioration est uniquement due à la peur du gendarme, un gendarme chargé de faire respecter la loi, rien que la loi, avec son cortège de sanctions. Il fallait ça apparemment pour freiner l'hécatombe des blessés sur nos routes et pour décourager l'incivisme patent de nos concitoyens dès qu'ils montent dans leur voiture.
Cette constatation, que seule la crainte d'une pénalité amène aux respects des règles élémentaires permettant le bon fonctionnement de nos sociétés, est désespérante. La certitude que l'homme est bon, que c'est la société qui le pervertit, est ici mise à mal. La génération de ceux qui affirmaient, le pavé à la main, qu'il était interdit d'interdire, réalise qu'ils ont fait fausse route, que ce n'est pas si simple. Si l'excès de lois tue la loi, son absence ou le choix de ne pas l'appliquer lorsqu'elle existe, est tout aussi néfaste.
On eut préféré qu'il en fut autrement. Les progrès de la science et de la technique ont procuré à l'homme plus de confort et augmenté son espérance de vie. Soit ! Pendant ce même laps de temps le développement de son esprit a, lui, stagné. Pour tenter de résoudre le mal existentiel, il s'est lancé dans l'exploitation des croyances, dans l'exploration du psychique. Sectes et la psychanalyse en résultèrent. En vain ! Le mal rode. Il y a toujours une guerre quelque part sur la planète. Elle peut prendre toutes les formes possibles d'ailleurs, guerres de religions parfois, économiques toujours, militaires le plus souvent. Et puis, il y a cette guerre pernicieuse que nous faisons à nous-mêmes !
(texte publié une première fois sur le magazine papier Paris-Côte d'Azur et 2002)