Le lama qui aimait Gainsbourg…
L’histoire d’un parcours rare, atypique. Il est étrange en effet pour un occidental de suivre ce chemin essentiellement oriental. « Vent d’est, vent d’ouest », choc des cultures, choc de modes vie et de penser différentes… Pearl Buck n’est pas loin. Mais pour Hermès Garanger, pas d’hésitation, elle part en retraite à l’âge de 16 ans dans le Centre bouddhiste tibétain qu’ont construit ses parents en France. Elle en ressortira lama après 3 ans d’isolement, d’inconfort total, de 25 000 heures de méditation et de mantras récités pendant des heures. Lama et déboussolée, le prix à payer pour bousculer son karma. On préfère parler chez nous de destin, cet enchaînement des choses considérées comme nécessaires.
On retrouve dans l’enseignement du yoga spirituel cette notion de destinée, de fatalité. Il est dit que vouloir le changer est possible mais ardu, voire rebutant. Car on naît avec une culture, avec son empreinte religieuse. On appartient aussi à une classe sociale. On porte un nom et un prénom qui reflètent notre appartenance à un pays, au mode de vie qui est la norme… Changer son karma peut vouloir dire, changer de pays, de religion, de nom, de comportements face aux choses de la vie, les plus ordinaires comme les plus complexes...
Hermès nous fait vivre de l’intérieur cette expérience déconcertante pour le quidam, effrayante sur certains points. Les pratiques rudes auxquelles elle consent sont propres à la conditionner à d’autres valeurs, d’autres façons de voir la vie. Un changement profond qui va nécessiter plusieurs mois de réadaptation lorsqu’elle ressort. Une nouvelle épreuve, apparemment réussie, car la voilà bientôt mariée, maman d’une petite fille, avec un job dans la réalisation d’émissions de télévision à succès, frayant avec Nicolas Bedos, Nikos Aliagas, travaillant un temps pour Cyril Hanouna…
Si ce n’est pas le grand écart, ça y ressemble. C’est peut être aussi la preuve qu’on peut avoir un pied dedans, un pied dehors, un pied en occident et un pied en orient et d’y trouver un équilibre, par définition instable et toujours remis en question. Quoi qu’il en soit, ce récit ne manque pas d’intérêt et a le mérite de nous faire découvrir une expérience de vie troublante qui, pour beaucoup d’occidentaux, semblent plus qu’improbable.
Le lama détaille aussi dans le chapitre « 30 ans plus tard, la boucle est bouclée », son séjour au Centre de Recherches Neuroscientifiques de l'INSERM de Lyon, en janvier 2018, où des recherches ont été faites afin de découvrir les bienfaits que la méditation pourrait avoir sur le cerveau. L’affaire est à suivre.
Hermès croit aux vertus de la méditation même si elle nous invite à être prudent sur les propositions commerciales qui nous sont faites. Je l’encouragerais volontiers à dispenser un enseignement accessible et non rebutant qui ne pourrait que contribuer à pacifier notre société occidentale, à dépassionner les débats et relativiser les enjeux… On a tous besoin d’un peu d’intimité avec soi et de tolérance envers les autres !
* Hermés Garanger sera à Cannes le 20 septembre prochain à la librairie "Autour d'un Livre" pour une séance de dédicaces suivie d'une conférence avec questions réponses puis à Roquefort-les-Pins les 21 et 22 sept… Qu’on se le dise !
« Lama
à 19 ans… Et après ? »
préfacé par
Véronique Jeannot
éditions Claires Lumière