Avril 1977… Haïti, en noir et blanc…

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Voyage initiatique s’il en fut, celui d’un ‘ti’ blanc dans, il l’apprit à cette occasion, dans la 1ère République noire au monde. Un statut obtenu de haute lutte en janvier 1804. Seulement quelques mois près, le général Dessalines en fait un empire dont il est à la tête. 


- Cité Soleil, déjà un bidonville, maintenant zone de non-droit -

Je faisais parti en 1977, de ces gens qui ont tendance à confondre Tahiti et Haïti lorsque, point final d’une croisière à deux sur un cuter en bois, je débarquais à Porto Plata en République dominicaine. Parti de Fort Lauderdale, nous avions traversé le Gulf Stream sous les étoiles au niveau de Miami, accompagné épisodiquement par quelques dauphins. Sac au dos, j’explorais le pays avant de prendre l’avion pour Port au Prince. J’avais bien essayé, mais en vain, de rejoindre Haïti en autobus mais pas moyen pour un étranger de passer la frontière, seule l’arrivée en avion était autorisée. 

Choc culturel, choc civilisationnel et vision au premier degré de ce qui était un des pays les plus pauvres au monde. Il est toujours classé dans le bas du classement et l’actualité nous montre un pays toujours victime de ses démons. Plongée donc dans la misère matinée de sourires, de fierté, de dos droits et de francs regards. Durant quatre semaines de ce mois d’avril 1977, je n’ai rencontré qu’un seul blanc, un auteur de théâtre québécois dont j’ai oublié le nom, mais dont les mœurs légères, et la vie bon marché, n’étaient pas étrangers à sa venue régulière dans ce pays où tout se négociait pour quelques ‘gourdes’… une devise qui ne vaut plus aujourd’hui que 0,0088 €…

C’est toujours sac à dos que je demandais et obtenais un rendez-vous à l’Office national du Tourisme et des Relations publiques. Si j’ai bon souvenir, le responsable, un certain M. Duval, me parla des projets touristiques à l’ordre du jour dont l’installation du Club Méditerranée. Effectivement, il y eut, peu d’années après, une tentative de la part du Club mais malgré les atouts indéniables de l’île, les règles du jeu étaient trop compliquées. Les risques sécuritaires existaient  déjà et l’instabilité de façade mise en place par Papadoc et Bébédoc Duvalier ne permit pas de transformer l’essai. Dommage car en effet, Haïti comme la République dominicaine n’ont guère d’autres perspectives économiques que le développement du tourisme. Un pari réussit par l’un, complètement raté par l’autre.

Ma présentation aux autorités comme journaliste me valut sans doute une surveillance discrète par les fameux ‘tontons macoutes’ héritage de Papadoc, partout où je me rendais, notamment à Petionville, Jacmel, et à Cap Haïtien. Pour la petite histoire, de retour en France, je croisais dans une rue cannoise, Jean-Claude Duvalier, année 1986 je pense et j’apprenais dans la foulée qu’il vivait lui et ses proches près d’Escragnolles, à quelques kilomètres de mon lieu de résidence de l’époque, Caille.

(à suivre ou pas)


- jour de marché à Port au Prince -




- le Marché de Fer (fabriqué à Paris) de Port au Prince -


- Cap Haïtien, la voile est faite de sacs de farine récupérés -



- le marché couvert en fer de Jacmel (construit en Belgique) -