Commerce. Amazon, est-ce vraiment la panacée ?

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Catégorie Pieds dans le plat

L’abandon récent en France de deux projets d’entrepôts Amazon a été immédiatement suivi par des appels du pied d’élus locaux pour que le Géant de Seattle s’implante chez eux dans l’espoir de créations d’emplois et d’impôts locaux… Ils devraient peut-être y regarder à deux fois.


Car Amazon est sans doute une des multinationales qui paie le moins d’impôts au monde. Elle n’a commencé aux USA à payer l’impôt sur les sociétés qu’en 2020. Au Luxembourg, elle a payé 0 € d’impôts. Elle était en litige avec l’État français pour un arriéré de 200 millions €, que le Gouvernement a accepté de réduire à 30 millions. Le site Amazon.fr engendrerait lui ,une fraude à la TVA de plus d’1 milliard € chaque année !  

Si les collectivités se félicitent dans un premier temps de la création d’emplois nouveaux, elles découvrent assez vite que, parallèlement, de nombreux magasins de leur centre ville licencient à tour de bras avant, éventuellement, de fermer leurs rideaux. De plus, les conditions de travail dans ces immenses entrepôts sont difficiles (3 accidents du travail par jour en 2019). Alma Dufour, des Amis de la Terre  explique : « Si Amazon ne cède rien sur les augmentations de salaires c’est que son modèle économique - casser la concurrence en vendant à des prix les plus bas possibles - est peu rentable. C’est précisément pour cela que le modèle Amazon est incompatible avec la justice sociale et la protection de l’environnement. »

Last but not least, la venue d'Amazon (comme d’autres grandes marques comme Ikea) perturbe le trafic routier car, dans ce domaine, les autorités qui valident leur implantation, mettent la charrue avant les bœufs. Ainsi, la majorité des collectivités hébergeant des entrepôts Amazon déplorent une congestion routière pourtant si prévisible. 

Nous nous trouvons ici clairement à la croisée des chemins. Allons-nous choisir la facilité et le court terme, où allons faire preuve de plus d’ambition ? 

En 1973, Ernst Friedrich Schumacher publiait un essai qui allait mettre à la mode l’expression « Small Is Beautiful ». En fait, son livre véhiculait des idées très originales qui, dans le contexte d’une croissance économique basée sur la consommation, étaient révolutionnaires. Nous en sommes toujours là, malgré les avertissements qui depuis, se sont multipliés. Toujours plus, toujours plus gros, toujours plus grand... comme le dernier paquebot de croisière au monde qui vient d’appareiller avec plus de 8000 personnes à son bord… Certes certains esprits éclairés protestent et dénoncent les effets néfastes du Tourisme masse sur l’environnement et la qualité de vie des habitants comme à Venise…

Ce Schumaker-là, prônait une société à la mesure de l’homme. Il parlait de traiter la nature comme un capital et non comme un revenu, de se soucier davantage des besoins des employés, de tenir compte de l’impact de nos activités, notamment commerciales, sur notre environnement, de l’utilisation soutenable des ressources naturelles, des bienfaits de l’autosuffisance... Des objectifs aux antipodes de cette Mondialisation tout azimut qu’on nous impose mais qui a peut-être atteint ses limites.

Il serait grand temps de relire son livre : « Small Is Beautiful: A Study Of Economics As If People Mattered. »