La pollution de l’air. Nos pneus ont leurs maux à dire...

Les pneumatiques de tous nos véhicules motorisés génèrent donc un cocktail très toxique. Des particules ultra-fines produites par l’abrasion des pneus se répandent dans l’environnement et pénètrent dans notre organisme, et qui contiennent un mélange de produits toxiques utilisés pour leur fabrication.

Faisant appel à un laboratoire spécialisé, Agir pour l’Environnement a fait analyser la quantité de particules fines et ultra-fines - dont la taille est située entre 7 nanomètres et 10 micromètres - générées par l’abrasion des pneus. Jusqu’à mille milliards de particules sont ainsi libérées dans l’environnement pour chaque kilomètre effectué. Plus de 99,97 % de ces particules échappent aux organismes de contrôles. Sur la durée de vie d’une voiture, l’usure des pneus va générer, selon les modèles, entre 17 et 40 kilogrammes de particules de plastiques et autres additifs, soit entre 65 et 151 mg de gomme perdue pour chaque kilomètre effectué. Cette pollution cachée est d’autant plus inquiétante que la composition des pneus est couverte par le secret industriel et que les additifs chimiques représentent jusqu’à 50 % de leur masse. L’enquête a mis en évidence la présence d’au moins 25 composés organiques volatiles différents dont certains sont cancérigènes.

Pour Magali Leroy, chargée des enquêtes et analyses au sein de l’association, « Les résultats sont particulièrement inquiétants, eu égard à la quantité de particules disséminées dans l’environnement liée à l’abrasion des pneumatiques. La quantité mais aussi et surtout la composition et la taille des particules ultrafines identifiées doivent conduire les organismes de qualité de l’air à mieux estimer la pollution liée au trafic routier ». Pour Oliver Charles, coordinateur des campagnes Climat, énergie, transport, « Cette enquête, c’est du lourd, au sens propre comme au sens figuré puisque la responsabilité de l’autobésité et de la puissance moteur qui l’accompagne ne semble faire aucun doute sur la quantité de particules fines et ultrafines émises dans l’environnement. Entre les deux véhicules analysés, une Tesla Y et une Fiat 600e, la différence de poids est de 464 kg (+30,5 %), et la différence de puissance moteur est de 105 KW (+91,3 %), 143 chevaux (+91,7 %) et 160 Nm (Newton mètre, +61,5 %) ; surpoids et motorisation occasionnant un rejet de 86 mg/km de plus d’une voiture à l’autre. »

Ce type de pollution, par définition, est de ceux qui se voient pas. « Pas vu pas pris ! ». Ceci  explique que, juste-là personne de s’y intéresse vraiment et que les pouvoirs publiques pratiquent la politique de l’autruche - il faut dire qu’ils ont beaucoup de casseroles sur le feu… D’où cette action de l’association Agir pour l’Environnement qui appelle les organismes de qualité de l’air à se saisir de ce problème de santé publique tandis qu’elle interpelle Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique ainsi que l’industrie automobile afin qu’ils assument leur responsabilité en levant immédiatement le secret industriel couvrant la composition des pneus.

[NDLR. L’usure des plaquettes des freins à disques pose aussi problème. Elle est responsable d’émissions importantes de particules fines et ultra-fines. Plusieurs études épidémiologiques ont déjà montré les effets néfastes, à court et à long terme, de l’exposition de celles-ci. En effet, considérant leur taille micrométrique voire nanométrique, elles peuvent pénétrer dans les alvéoles pulmonaires et les bronches, ce qui peut conduire à des cas d’inflammation, des crises d’asthme, de bronchites chroniques ou engendrer des cancers dans les cas les plus graves...]