Marseille. Regards vers le surf… discipline olympique.
L’exposition « Surfer sur la vague » s'inscrit dans l’actualité sportive de Marseille qui s’apprête a accueillir les épreuves de voile des Jeux Olympiques et Paralympiques. Même si les épreuves de surf se dérouleront à la mythique vague de Teahupo’o, à Tahiti, la pratique du surf est de plus en plus répandue a Marseille et sur le littoral alentour depuis quelques années. Ce sport spectaculaire et envoûtant, qui fascine par sa technicité , les sensations qu'il procure et les paysages exceptionnels dans lesquels il se déploie, touche directement le monde de l'art et procure une source d'inspiration in épuisable pour les peintres, sculpteurs, photographes, vidéastes, qui sont parfois eux-mêmes surfeurs.
Pour comprendre l’émergence d’un style de vie, d’un état d’esprit et d’une création artistique autour du surf, on doit considérer la planche de surf, comme un objet de design à l'étonnante histoire. Développée a l'origine par les habitants des plages californiennes et hawaïennes, la planche de surf aux lignes pures constitue une attitude qui tranche avec les codes d’une routine et cache un désir de liberté absolue. Le Black surfer de Frédéric Clavere, dont la nudité traduit la vulnérabilité, associe dans un matériau unique - le bois - le sportif et sa planche, comme pour nous signifier à quel point les deux font corps. Le design des planches, sorte de discipline dans la discipline, a donne lieu d’une manière générale à de multiples évocations artistiques poétiques, décalées, psychédéliques, abstraites ou surréalistes.
Cette exposition se propose ainsi d'illustrer l’influence du surf et des sports de glisse sur la création contemporaine et les arts plastiques, et plus largement sur les cultures urbaines et les modes de vie. Dans cette pratique, les artistes ont trouvé de nouveaux gestes, de nouveaux objets, des formes inédites, de nouvelles manières expérimenter une véritable culture d’une ampleur planétaire. Sa dimension esthétique et émotionnelle a généré une production créative artistique, artisanale ou industrielle qui, malgré ses dérives, a assuré sa notoriété.
En filigrane, cette exposition cherche à montrer que la culture du surf de passe très largement le pur esprit de compétition. Elle porte aussi en elle un profond respect de l’océan, et c’est ce moment d’insignifiance que les surfeurs expérimentent face aux forces de la nature. Marc Chostakoff l’illustre bien lorsqu’il nous montre la mer devenant sans crier gare un gouffre sans fond : c’est le sentiment du surfeur d’être si souvent au bord du monde et de l’abîme. Le danger inhérent à cette discipline, Anke Doberauer l’évoque de manière plus crue encore : ses peintures à l’huile, remplies de l’océan, du ciel bleu et de couleurs lumineuses, mettent à chaque fois en scène Bethany Hamilton, cette jeune et talentueuse surfeuse blonde à l’éternel sourire. Le tableau paraît idyllique jusqu’à ce qu’on s’aperçoive de sa mutilation liée à une mauvaise rencontre avec un requin…
Ainsi, le contexte environnemental touche les surfeurs et par extension les artistes qui s’emparent et se préoccupent des questions de pollution marine, d’écologie, d’innovations techniques, de recyclage et de protection des surfeurs. La pratique du surf a aussi des vertus sociales et inclusives puisqu’elle permet aux publics en situation de handicap et à des jeunes en difficulté d’insertion de vivre un épanouissement personnel et de de couvrir les émotions que procurent les sports de glisse.
- John Severson, Greg Noll-Pipeline, 1964 -
C'est cette diversité dans le traitement de l’évocation de surfer sur la vague qui fait la richesse de cette exposition et qui montre combien le surf procure un vivier expériences visuelles et artistiques. Les 19 artistes réunis sont Gilles Barbier, Sylvain Cazenave, Benjamin Chasselon, Marc Chostakoff, Frédéric Clavere, Pandora Decoster, Anke Doberauer, Luc Dubost, Nicolas Floc’h, Kosta Kulundzic, Nicolas Mallaret, Éric Maurus, Barry McGee, Olivier Millagou, Olivier Nord, Bernard Plossu, Lionel Scoccimaro, Wilbe, John Severson.