Marseille. Le cœur en mer...

Le Musée Regards de Provence dévoile une partie du patrimoine de la Chambre de Commerce et d’Industrie Aix-Marseille-Provence. Le fil conducteur en est tout naturellement les bassins portuaires, les infrastructures appuyant leur développement, les hommes qui y travaillent et les navires qui y évoluent, interprétés par le talent d’artistes aux techniques plurielles et aux regards singuliers.


- Jean-Frédéric Canepa (1894-1981), Le Vieux-Port après la Libération -


Ce sont ainsi différents visages d’une Marseille maritime qui sont mis en lumière et la valeur documentaire et historique incomparable de la plupart des œuvres exposées ne doit pas occulter leur intérêt artistique. Aux côtés de figures de la scène artistique marseillaise que l’on retrouve toujours avec plaisir, comme Casile, Ponson, Moutte, Astruc, Verdilhan, l’on découvre des artistes à la touche souvent singulière, comme Poggioli, Bourget, Galland ou Boussion.

Acteur incontournable de la vie économique locale depuis sa fondation en 1599, la CCIAMP, la première chambre de commerce au monde, s’emploie à favoriser le commerce et les échanges maritimes. La Chambre conserve quantité d’archives témoignant des relations internationales qu’elle a tissées et entretenues, tant avec la diplomatie qu’avec les négociants du pourtour méditerranéen. Parallèlement, la CCIAMP a réuni au fil du temps un extraordinaire patrimoine, toujours en lien avec son activité : d’achats en donations, celui-ci a atteint les 300 tableaux et les 200 modèles réduits, sans compter des milliers de dessins, gravures, cartes et plans, photographies, affiches, auxquels il faut encore ajouter des objets historiques divers. 

Oubliez les criques charmantes, les cabanons, les baigneurs, les restaurants de bord de mer : le regard se tourne ici vers les travailleurs, les navires et les grues ; les quais de déchargement encombrés de marchandises locales ou exotiques et les tenues bigarrées de ceux qui les arpentent, venus des quatre coins du bassin méditerranéen, voire de plus loin encore ; les portefaix peinant sous le poids de leurs colis et les cheminées fumantes des bateaux à vapeur. On est loin des panoramas de cartes postales, bien qu’un certain sentiment de pittoresque puisse se dégager à l’évocation de ces métiers, de ces machines et de ces édifices disparus. 

Quatre sections rythment et structurent l’exposition. La première souligne l’attrait des artistes pour les infrastructures portuaires, qui s’étendent et se modernisent à marche forcée à compter de la Révolution industrielle. Consacrée aux quais et à leurs acteurs, la deuxième section remet l’homme, jusque-là discret, au premier plan des compositions. Badauds, portefaix et dockers, vendeurs de rue, matelots, voyageurs, bourgeois et négociants se pressent autour des bassins, qu’ils travaillent, débattent, ou se fraient simplement un chemin parmi les attelages et les marchandises fraîchement débarquées ou bientôt chargées à bord.

Un troisième temps réunit les marines, mais des marines qui sont autant de portraits, comme le confirment les titres-mêmes des œuvres : isolés plein centre, les navires y sont figurés de profil, voguant sur des flots assez agités pour conférer du mouvement à des compositions sinon un peu figées. L’exposition se termine sur un bel ensemble d’affiches, la plupart éditées par de grandes compagnies de transport maritime pour souligner à la fois la modernité de leur flotte et le nombre des liaisons assurées, avec souvent Marseille pour toile de fond. Il y est question, en filigrane, de la prospérité et du dynamisme de la ville et de son port, de sa position dominante à l’échelle du bassin méditerranée  et de la plus-value qu’elle retirait de ses échanges avec les colonies. CQFD !


- Camille Bourget (1866-1931), Déchargement d’un cargo sur le port -


Musée Regards de Provence
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