Villefanche-sur-mer. Une symphonie sous-marine…

A la Citadelle, jusqu’au 22 septembre, un ensemble de photographies de Benoît Barbagli, nouvelle tentative L’exposition Symphonie Sous-Marine est une nouvelle tentative, à l’intérieur d’un contexte sous-marin, de faire émerger, tant par les fleurs que par les cuivres, des danses et des gestes collectifs de joie...


« La joie m’est souvent apparue comme un médium puissant, créateur de liens et favorisant la construction du commun. L’exposition Symphonie Sous-Marine est une nouvelle tentative, à l’intérieur d’un contexte sous-marin, de faire émerger, tant par les fleurs que par les cuivres, des danses et des gestes collectifs de joie. Dans les profondeurs cristallines, là où la lumière du soleil joue à travers l’eau, mes amis et moi nous immergeons, instruments en main. Sous l’eau, ou à sa surface, ces actions rejouent notre relation à la nature. Dans des situations parfois périlleuses, des danses coordonnées à plusieurs, soufflant dans des trompettes, des trombones et des cors ne laissant apparaître que des bulles, et des corps harmoniques en suspension.

Le geste photographique ici est un prétexte, un moyen d’orchestrer une journée d’immersion dans la nature. En nous plongeant dans cet environnement, nous cherchons à créer des moments d’allégresse. Bien plus que de construire une image, ce que j’ai toujours voulu, c’est œuvrer à la construction, d’une part, d’une éthique, un équilibre, une attention portée aux relations entre les participants, et d’autre part, un jaillissement, un élan vital, une pulsion de joie, qui travaille la relation de l’art à la vie. En pressentant fermement que le déséquilibre propre au second construit l’équilibre du premier.

Car la joie est telle une symphonie qui se diffuse dans l’espace autour duquel elle est construite. Elle devient un acte de résistance. C’est un outil puissant qui crée du lien entre les gens. La joie permet de créer du collectif, du commun, un acte politique sans bord, ni frontière, qui nous permet de vivre ensemble entre humains, mais aussi avec la nature. Un acte de résistance inconscient, dont les répercussions transcendent le simple plaisir qu’elle produit. En brisant les rapports normatifs du capital qui isolent les individus, la joie, sensible, nous reconnecte non seulement les uns aux autres, mais également à notre environnement.

Ma photographie ne se concentre pas sur l’aspect technique, la composition, la lumière et le cadre, ni même sur le symbolisme ou les références culturelles, qu’elles soient contemporaines ou antiques. Le seul cadre qui prend de l’importance, c’est celui de nos interactions, à l’intérieur du lieu où nous sommes, qui échappe et dépasse tout objet de captation vidéographique, audio ou photographique.

La nature est toujours un peu périlleuse et dangereuse. Nager dans la mer peut être difficile et imprévisible, mais ce péril resserre les liens entre nous, produit une attention mutuelle nécessaire et l’équilibre que nous cherchons à produire et à transmettre dans nos photographies.

Que ce soit l’appareil photo passant de main en main, ou le drone prenant des clichés à intervalles réguliers, la volonté est de déconstruire la vision de l’artiste ayant seul le choix de construire une image. L’artiste-gaze et le male gaze sont remplacés par la construction d’une image plus collective, dont le but est bien plus souvent le soin de chacun et l’équilibre, que la représentation esthétique de l’image.

Utilisant comme médium la qualité de notre relation à notre environnement, ce qui se dégage de la photo n’est autre que la tentative de construction d’une éthique interne à ces participants, sans mots et sans dogme, une éthique de la perception. Une éthique de la perception, nous osons le croire, puisqu’elle s’infuse et se diffuse comme une symphonie musicale emplie de joie qui s’étend et touche ceux qui nous entourent. »

Benoît Barbagli


Citadelle de Villefranche-sur-Mer
12 Avenue de Verdun 06230 Villefranche-sur-Mer
lacitadellevsm.fr