Poème, je vais t’écrire
Avec n’importe quoi
Je n’ai presque rien à dire
Mais je ne peux rester coi
Pas besoin de luth, de lyre
Pour plaire à qui que ce soit
Tant mieux si je donne à rire
Et tant pis si je déçois
On va du meilleur au pire
Selon de fatales lois
Mais il faut garder l’empire…
Les uns disent : pourquoi
Les autres disent : parce que
Les uns n’ont pas de foi
D’autres n’ont pas le feu
Les uns disent : pends-toi
Les autres : à nous deux !
Les uns restent pantois
D’autres mènent le jeu
Les uns disent : je, moi
Les autres : moi, je
Car chacun pense à soi
Qu’il soit triste ou fougueux
Africains, Iroquois
A Rome…
Pourquoi ne pas parler de corde
Même si quelqu’un s’est pendu ?
Pourquoi crier miséricorde
Comme si tout était perdu ?
Pourquoi ces phrases et ses mines
Ces petits pas, ces yeux baissés
Pourquoi cette voix de gamine ?
De grâce, n’est-ce pas assez ?
La vie est incertaine, rude,
Pourquoi faut-il se le cacher ?
Ne prenez pas cette attitude
Et ces airs de…
Plus rien ne nous étonne
Ni l’été ni l’automne
Ni le bleu ni le jaune
Ni le fer ni le feu.
Nous n’avons plus de faune
La vie est monotone
Et c’est au téléphone
Que nous faisons nos vœux.
Le mal que l’on se donne
N’intéresse personne
Et l’in cite Cambronne
Quand on est malheureux.
Chapeau, képi, couronne
Chaise, fauteuil…
Bateau, maisons, voiles et toits,
et palmes,
Quel bonheur d’être près de toi,
si calme !
Plages et port, large horizon,
collines,
Promenades que nous faisions,
divines,
Blanc casino, soir de gala,
et danse,
Chance, souper, et cœtera,
romance…
Lune qui tremble sur la mer
immense,
Chant qui s’élève puis se perd…
silence.
Bateaux, maisons, vagues et toits,
platanes,
Quel bonheur…
Avec ton poids de fleurs, d’herbe, de bêtes, d’hommes,
Tes plaines que l’été gonfle comme un levain
Tes arbres que blanchit la promesse des pommes,
Tes bois pleins de mystère et tes vignes de vin…
Avec tes jours fuyants et tes heures charnelles
Tes printemps généreux et tes froides Toussaint
Et les petits enfants, et les vieilles chapelles
Des villages…
En écoutant cette rengaine
Qui vient sans que l’on sache d’où
Je me souviens du temps si doux
Où tu me disais je suis tienne !
Nous allions le long de la Seine
En décembre comme au mois d’août
Quelquefois, après une scène
Tu pleurais car j’étais jaloux
Et puis, nous avions trop de peine
A vivre en joignant les deux…