L’Abbaye du Thoronet : le mur mur de Luigi Snozzi…
Vieilles… pierres et béton, le PACS est réussi.
- Luigi Snozzi et Pierre Fauroux, dos au mur…
Sollicité par les institutions nationales, régionales et départementales, l’architecte tessinois de renom, Luigi Snozzi, se trouva devant le « mur oublié » de l’Abbaye du Thoronet, tel Ulysse devant les remparts de Troie, à la recherche d’un cheval… Comment relier le passé au présent, comment donner un sens, comment assumer l’héritage dans sa continuité, comment intégrer dans le respect du lieu, la modernité ? Luigi regarde autour de lui, l’Abbaye, son entrée, sa sortie, les chênes sempervirens, les cyprès provençaux, les cistes, les buis… il écoute les chants grégoriens qui résonnent sous les voûtes : « cette terre n’est donc pas œuvre de la nature, elle est œuvre de nos mains, elle est une patrie artificielle », écrit-il tout haut. « Le bâtiment comme toujours, dès ses fondations ! », constate-t-il.
Là est peut être la réponse : l’horizontalité. Il insiste et enchaîne à la recherche de l’harmonie, de la pensée juste qui s’accordera avec le site… sacré. Eureka ! Le maître a trouvé la solution, elle est au pied du mur. Nous n’en dirons pas plus, laissant aux critiques et aux visiteurs le soin d’apprécier…
Son intervention au Thoronet s’est terminé l’autre jour par une explication de texte avec des étudiants et des professeurs en architecture, venus intra… muros, visiter le site. Un peu plus tôt, ce sont des étudiants de Saint-Étienne qui avaient fait le… studieux déplacement.
Profitant de sa descente dans le Midi, Luigi a effectué un petit tour à Nice et à Sophia Antipolis, guidé par l’architecte Pierre Fauroux qui eut le bonheur de l’accompagner dans la mise en forme de son projet au Thoronet. Il a ainsi salué l’église-mairie de Valbonne-Garbejaire. À Mouans-Sartoux, interdit de visite à l’entrée de l’école communale, il fut invité sur le chantier privé des Moro et dégusté avec ses hôtes un gigot bitume…
S’il n’a pas tout visité, Luigi Snozzi en a vu assez pour crier au « chaos » architectural, à l’absence de cohérence dans l’aménagement du territoire, au massacre. À Sophia, tout le monde stationne n’importe où, dans les bois (ce qui n’est pas n’importe où…). Il est vrai que sur le littoral et le moyen pays, on est loin des lignes pures et sobres de l’Abbaye cistercienne, propres au recueillement et à l’exercice spirituel. On est mal, dans la dévastation de ce « dépaysagement » méditerranéen… où les traces d’un bonheur architectural passé ne pèsent pas lourd face aux réalisations urbanistiques dictées par un tourisme aveugle, aveuglé, aveuglant et un logement social qui a oublié de choisir comme unité… l’homme.
- Leçons du Thoronet 2009 – Le mur oublié - jusqu’au 31 octobre - 83 340 Le Thoronet - Tél : 04.94.60.43.90 –