Politique : des élus, en veux-tu, en voilà !

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Des documents circulent sur le net et propagent l’information autant que la désinformation. Plusieurs tentent de nous convaincre que nos démocraties fabriquent trop d’élus.

Il faut les prendre le plus souvent au second degré, quoique… Si les comptes de cet internaute sont bons, avec 577 députes, 343 sénateurs, 30 ministres et secrétaires d'état, auxquels on baisserait leurs indemnités de 1 000 €, (et ils auraient encore de quoi bien vivre) on réaliserait 950 000 € d'économie chaque mois. Or, 950 000 € fois 12 donnent 11,4 millions €. Et pourquoi ne pas ajouter pendant qu’on y est, pour une diminution plus modeste, tous les conseillers des 101 Conseils généraux de France et tous ceux qui composent les 26 Conseils régionaux, tous les présidents d’intercommunalités et leurs vice-présidents qui émargent eux aussi (tous cumulent plusieurs rétributions d'ailleurs assortis de nombreux autres avantages) ? Cela arrondirait confortablement la somme. Une goutte d’eau ? Pas suffisant sans doute pour faire tomber la pluie mais la France des privilèges est riche en niches fiscales. Il semble pourtant un peu tard pour y toucher car des échéances électorales importantes se rapprochent et il n’est pas question évidemment de mécontenter, ni les communautés, ni les minorités visibles, ni les corporations, ni tout ceux qui en bénéficient…

Un autre document circule sur les réseaux Internet. Il met en perspective le nombre de nos députés et sénateurs par rapport à leurs homologues américains. Nous en aurions beaucoup plus qu’eux. Pas si sûr, car les auteurs ont oublié (mensonge par omission ou ignorance ?) de prendre en compte le fait que l’Amérique est une fédération d'États et donc, qu’aux représentants fédéraux, il convient d’ajouter les représentants provinciaux, comme pour le Canada. Voilà qui affaiblit la démonstration mais pas forcément le fond du sujet qui reste que nos démocraties croulent sous le poids d’un nombre excessif d’élus bien rétribués dont il n’est pas toujours facile de justifier l’existence.

Pour rester sur le même continent, on peut regarder du côté de nos cousins québécois. Les conseillers de la ville de Québec, capitale provinciale, viennent de franchir le Rubicon, votant un plan de réduction du nombre d’élus qui passent de 27 à 21. Un bon signal car au fond, a-t-on besoin d’autant de représentants du peuple ? Chez nous, l'observation de nos édiles, toutes charges confondues, peut faire réfléchir. Le spectacle des bancs désertés de notre Assemblée nationale, l’âge le plus souvent canonique de nos sénateurs qui ont du mal à tenir les yeux ouverts lors des séances tardives, font partie des arguments qui devraient nous convaincre de dépoussiérer nos institutions. Pour ce qui est du fonctionnement des communes, le constat est encore plus affligeant. En effet, les majorités en place, ne laissent que peu de manœuvre aux membres qui la composent. Si les adjoints sont en principe chargés de traiter des dossiers parfois très lourds, les conseillers municipaux ne font le plus souvent qu'acte de présence. Les uns comme les autres sont tenus à un devoir de réserve et de soutien quasi inconditionnel à leur leader politique. Il n’est pas question pour eux de manifester en public la moindre critique ; en interne, elles ne sont guère les bienvenues et conduisent le plus souvent leurs auteurs à la… répudiation. En ce qui concerne les élus d’opposition, c’est une autre histoire. Souvent méprisés par la majorité, ils ont bien du mal à jouer leur rôle et s’épuisent à réclamer des informations et à faire des propositions dans le vide.

La France serait la championne d’Europe du nombre de structures administratives avec à leurs têtes des citoyens élus et le plus souvent bien indemnisés. Une constatation qui indispose de plus en plus les citoyens payeurs qui s’impatientent de voir des reformes s’engager avec, à la clé, des économies d’échelle réalisées… Sur leurs blogs et dans leurs mails adressés à des dizaines de milliers de lecteurs, certains internautes l’ont bien compris qui attisent par leurs envois, le ras le bol d’une classe moyenne, épuisée et exsangue, la seule ou presque à devoir boucher le trou de la Sécurité sociale, le déficit de la balance commerciale, payer les intérêts de la monstrueuse dette, résultat de la mauvaise gestion des gouvernements successifs et de leur manque de courage face à un système financier corrompu. Cette situation ne fait le jeu que des extrêmes, droite et gauche, qui y trouvent là de l'excellent bois de chauffage !

Les élus alsaciens ont, semblent-ils, écouter le bruit de la rue. Sont-ils branchés sur le net plus que leurs homologues des autres régions de France ? Quoi qu'il en soit, le conseil régional d'Alsace et les conseils généraux du Haut et du Bas-Rhin devraient fusionner à échéance de 2014. Une décision qui sera soumise à un vote populaire et qui correspond bien à l'esprit de la loi de décentralisation. Un loi qui tarde à être mise partout en application, à commencer par la constitution des intercommunalités. L'exemple de l'avance difficile de ce dossier sur l'ouest du département des Alpes-Maritimes en est la preuve flagrante… Lire notre article à ce sujet.