Les bonnes et mauvaises surprises du Michelin 2012.
Billet d’humeur de notre chroniqueuse attitrée...
Comme tous les ans, à la sortie du Guide Rouge, la polémique va bon train. Il est cependant avéré que ce guide est une véritable bible pour les automobilistes, en permettant de jolies haltes gourmandes improvisées lors d’un voyage, voire des étapes de charme. Cette possibilité, grâce aux téléphones portables, laisse une liberté totale aux voyageurs. Il paraît évident que s’il ne devait rester sur le marché qu’un seul guide gastronomique édité sur papier, ce serait celui-là ! Incontestablement, pour les petits restaurants, hôtels de charme et bonnes tables, il est très performant, voire incontournable.
Là où l’on peut polémiquer, par contre, c’est au niveau de la distribution des étoiles. Certes, il apparaît qu’un certain « copinage » accompagne ces promotions espérées par les chefs comme récompense suprême, mais, objectivement, cette façon de procéder règne dans tous les domaines : artistiques, politiques…
- Nicolas Rondelli et Jean-Philippe Vanthielt, directeur de Félix, Cannes -
On ne peut bien parler que de ce que l’on connaît. Voici
donc une petite liste de restaurants sous-cotés qui auraient mérité
mieux :
Dans le Var, le jeune Sébastien Sanjou, dans son « Relais des Moines » aux Arcs-sur-Argens, est largement à la hauteur d’une étoile depuis plusieurs années. La cuisine est remarquable, le cadre médiéval et romantique à souhait, le service impeccable.
Dans les Alpes Maritimes également, quelques « oubliés » sont à
déplorer. Commençons par Denis Fétisson, à Mougins, dans son restaurant
« Sur la Place »
qui, depuis deux ans, décline une gastronomie de haut vol (il avait deux
étoiles à Courchevel sous l’égide d’Yannick Alleno). C’est pourtant une
excellente table, avec un très bon rapport qualité-prix, et chaque mois,
une thématique autour d’un produit, aux environs de 50 €.
Décidément, Mougins n’est pas en odeur de sainteté au
firmament Michelin. Le jeune et talentueux Sébastien Chambru s’est vu retiré la
sienne, au « Moulin de Mougins ». À priori, il n’y avait aucune
raison pour cette sentence, la plupart des clients fidèles en sont sidérés. Quant
au « rescapé » de l’hécatombe mouginoise, Serge Gouloumès du
« Mas Candille », vu l’évolution de sa cuisine, une deuxième étoile
aurait été justifiée. Ce chef généreux ensoleille sa cuisine avec sa Gascogne
natale, revisite ses recettes avec sa belle expérience de la « cuisine du
monde » pour enchanter nos papilles avec délicatesse et subtilité. Quant
aux desserts, depuis quelques mois, le jeune Edmond Eillot a rejoint l’équipe
du Mas Candille où il excelle dans des créations aussi inattendues que
savoureuses, qui valorisent encore la qualité des prestations. En plus des
menus à 90 et 130 €, une formule à déjeuner est proposée du lundi au vendredi,
boissons comprises à 59 € (45€, entrée-plat ou plat-dessert).
Autre oublié dans la distribution des « médailles » : Jacques Chibois de la « Bastide Saint Antoine » à Grasse. Rétrogradé à une étoile, pour y être allée plusieurs fois cette année, je peux confirmer que les prestations actuelles sont tout à fait à la hauteur d’une 2ème étoile.
À Cannes, également, on peut se demander pourquoi le restaurant « Chez Félix » et son jeune Nicolas Rondelli, méritent largement une étoile, non seulement pour la qualité dans l’assiette, mais aussi pour l’emplacement, sur la Croisette et le raffinement de la décoration. Par contre, la direction a coutume d’augmenter les prix durant les congrès, et Dieu sait qu’à Cannes, il y en a beaucoup ! On sait que Michelin n’apprécie guère ce procédé et c’est la seule explication que je peux trouver à cette sous cotation.
- Sébastien Broda, Pascal Picasse, Florent Champanay, le Park 45, Cannes -
Quant à Sébastien Broda, au « Park 45 » du Grand
Hôtel, comme Serge Gouloumès, il a tellement bien évolué qu’une 2ème
étoile serait justifiée. Sa cuisine s’est épurée, s’oriente vers des saveurs
subtiles et remarquablement travaillées. De plus, les formules de déjeuners
sont particulièrement attractives : Lunch
(plat-dessert) à 27 € et L’Idée du Jardin
en trois plats à 34 €. Les prix sont également particulièrement raisonnables
pour les menus servis midi et
soir en trois plats (50 €), 75 € pour un menu Découvertes en six services et 110 € pour L’Inspiration où le chef concocte un menu en interprétant les
quatre saisons.
Enfin, un nouveau venu dans le ciel étoilé azuréen devrait rapidement retrouver une place d’honneur : Alain Parodi, qui est consultant au Royal Riviera à Saint Jean Cap Ferrat (voir notre article). Cela vaut néanmoins que nous le signalions, car Alain Parodi n’est pas un inconnu dans la région. Il a décroché son étoile dans les années 2000 à Valbonne, dans son Cigalon, où il concoctait une gastronomie de haut vol dans la cuisine « mouchoir de poche » de son petit restaurant. Depuis, entre Grèce et Paris, il a continué à déployer ses talents en créant des tables renommées. Une affaire à suivre !