« Michelin », le Guide qui tyrannise les cuisiniers…

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Un petit ouvrage publié en 2004, rappelait les fondamentaux du guide destiné aux automobilistes.




Lorsque le fabricant de pneumatiques publie en 1900 son premier guide, il n’y a en France guère plus de 3500 automobilistes qui se déplacent sur une réseau routier vaste mais loin d’être prêt à accueillir ces nouveaux voyageurs. Des routes en terre, des chemins pierreux, sur lesquels, du nord au sud et l’est en ouest, vont bientôt déferler des pionniers qui ne savent pas encore qu’ils sont des... touristes, cette nouvelle manne des régions, créatrice d’une future… industrie.


« La Saga du Guide Michelin » célébrait en cette année, le trente-millionième exemplaires édités. Les premières éditions étaient alors distribuées gracieusement aux chauffeurs pour les aider au mieux dans leur cheminement parfois aventureux, parfois périlleux et le plus souvent inconfortable sur les routes de l’hexagone.


Dans sa volonté d’informer et de conseiller les chauffeurs et leurs passagers, le célèbre Bibendum allait inventer toute un langage visuel, un ensemble de pictogrammes faciles à interpréter ; une vingtaine au début, quelques centaines aujourd’hui. La France est alors le premier constructeur d’automobile au monde, et tout laisse augurer un essor exponentiel de cette industrie balbutiante dont André et Édouard Michelin sauront intelligemment profiter.


On parle d’abord du choix des meilleurs itinéraires, des adresses des rares mécaniciens et de celles des pompes à essence puis, assez vite, des hôtels pour se reposer, des auberges et des restaurants qui seront vite qualifiés, bon, très bon voire excellent… C’est la naissance des « étoiles » ! Le mal est fait, les cuisiniers vont se prendre, à l’insu de leur plein gré, au jeu. C’est qu’ils ont fait leur calcul, une étoile, c’est un chiffre d’affaires qui grimpe et parfois une tête qui enfle. Sauf que quand on la perd, c’est dur à gérer, pour son ego et pour la clientèle surtout ce touriste inconditionnel de la « Bible » et qui ne s’arrêta que là où Michelin est passé…


Ainsi, chaque année, le Guide décerne ses accessits, un moment redoutable, attendu et redouté par les professionnels, avec les inévitables polémiques qui contribuent à leur façon, à la popularité du titre. Certains exclus, certains journalistes ne ratent jamais l’occasion de tirer à boulets… rouges sur le Guide qui n’en demande pas tant...