Porquerolles. La Mer imaginaire...

La Fondation Carmignac, créée en 2000 à l’initiative d’Édouard Carmignac, est une fondation d’entreprise qui s’articule autour d’une collection qui comprend près de 300 œuvres et le Prix du Photojournalisme remis annuellement. De plus, un lieu d’exposition accessible au public, la Villa Carmignac, a été créée sur le site de Porquerolles afin d’y exposer la collection et organiser des actions culturelles et artistiques.




Pour la quatrième saison  l’exposition « La Mer imaginaire » transforme ses espaces en un muséum d’histoire naturelle sous-marin interrogeant les interactions entre notre civilisation et le monde subaquatique. Conçue par le commissaire américain, Chris Sharp, elle puise son inspiration aussi bien dans l’architecture du lieu - les espaces immergés sous la villa et son plafond d’eau - que dans les œuvres de la collection : la fontaine aux cent poissons de Bruce Nauman, la fresque sous-marine de Miquel Barceló ou encore le homard perché sur une chaise de Jeff Koons.

Plusieurs prêts d’artistes français et internationaux comme Henri Matisse, Gilles Aillaud, Mathieu Mercier ou Gabriel Orozco... viennent enrichir cet ensemble aux côtés de nouvelles productions de Bianca Bondi, Miquel Barceló, Lin May Saeed, Kate Newby et Hubert Duprat, créées pour l’occasion. L’exposition se prolonge dans le Fort Sainte-Agathe et à la Villa Noailles, avec une commande photographique de Nicolas Floc’h sur les fonds marins de Porquerolles et de ses îles voisines, grâce à un partenariat avec le Parc National de Port-Cros. Après l’initiatique traversée du bois, le visiteur plonge pieds nus dans une mer à la fois rêvée mais aussi menacée, parmi les créatures fascinantes de Jean Painlevé ou de Jean-Marie Appriou, les poissons étranges d’Allison Katz ou Michael E. Smith en passant par les éponges surréalistes d’Yves Klein... A l’étage, Miquel Barceló transforme la galerie voutée en une grotte sous-marine organique dans laquelle le visiteur sera amené à se perdre. 




Loin de la domination de l’Homme sur la nature héritée des Lumières, nous découvrons aujourd’hui les profondeurs insondables et quasi illimitées de la mer : 90% des fonds marins et de ses espèces nous sont encore totalement inconnus. Elle reste donc, dans une large mesure, mystérieuse et enchantée. Aussi, La Mer imaginaire explore la manière dont certains artistes pressentent un changement de paradigme vers un monde dans lequel l’humanité fait partie d’une communauté d’êtres vivants en interrelation constante avec d’autres écosystèmes. La position d’observateur derrière la vitre d’un aquarium ou les barreaux d’un zoo est ainsi en question.

Au-delà de son contenu critique, il existe une qualité résolument élégiaque, voire mélancolique, dans La Mer imaginaire. Ce sentiment d’éco-anxiété a été traduit par le philosophe australien Glenn Albrecht sous le néologisme de solastalgie : un sentiment d’impuissance et de détresse causé par la perte irrémédiable de la nature. Menacée d’extinction, une grande partie du monde subaquatique que nous cherchons à appréhender est en train de disparaître et avec lui, autant de créatures et d’organismes marins qui n’auront peut-être plus d’autre substance que dans notre imaginaire et dans celui des artistes.



La Mer imaginaire
17 avril - 17 octobre 2021
- Les expositions se découvrent pieds nus -